L'ancien vice-président d'Airbus, Olivier Andriès, soupçonné d'avoir profité d'informations privilégiées sur le groupe aéronautique EADS, a été mis en examen pour "délits d'initiés" et placé sous contrôle judiciaire, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
M. Andriès, devenu directeur général adjoint de Safran, a été mis en examen le 5 décembre pour "délits d'initiés" par les juges Xavière Simeoni et Cécile Pendaries, a précisé cette source, confirmant une information de MédiaPart.
Placé en garde à vue en novembre à la Brigade financière, M. Andriès s'est vu imposer un contrôle judiciaire qui prévoit notamment le versement d'une caution de 130.000 euros, a-t-on ajouté de même source.
M. Andriès a vendu 50.600 actions EADS issues de ses stock-options en mars 2006 et en a retiré environ 610.960 euros, selon un rapport de l'Autorité des marchés financiers (AMF), le "gendarme de la Bourse".
Son avocat, Me Daniel Soulez-Larivière, a jugé que cette mise en examen était "infondée, tant en fait qu'en droit". "Il n'y a pas eu d'infraction, M. Andriès a eu un comportement tout à fait normal" lors de la vente de ses stock-option, a-t-il déclaré à l'AFP.
Membre du comité exécutif d'Airbus, M. Andriès est soupçonné par les juges d'avoir bénéficié d'informations privilégiées, et d'en avoir tiré bénéfice, sur les retards pris par les programmes du très gros-porteur A380 et du long-courrier A350.
Airbus est la principale filiale du groupe aéronautique et de défense européen.
Au total 17 dirigeants et anciens dirigeants du groupe (neuf Français, quatre Allemands, deux Américains, un Finlandais et un Britannique) sont mis en cause par l'AMF.
Parmi les autres hauts cadres du groupe épinglés par l'AMF figurent Thomas Enders, l'actuel patron d'Airbus, John Leahy, son directeur commercial, ainsi que François Auque, le PDG d'Astrium, filiale espace d'EADS, et Fabrice Brégier, à l'époque président de la filiale Eurocopter et aujourd'hui directeur général délégué d'Airbus.
Tous devraient être entendus à la Brigade financière avant une éventuelle mise en examen, selon des sources proches du dossier.
Trois anciens dirigeants du groupe, dont l'ancien coprésident d'EADS Noël Forgeard et l'ancien PDG d'Airbus Gustav Humbert, ont déjà été mis en examen pour délits d'initiés et placés sous un contrôle judiciaire imposant le versement d'une forte caution.
Un dirigeant toujours en place à EADS, l'Allemand Andreas Sperl, a lui aussi été mis en examen en juillet pour le même chef.