La Chine et les Etats-Unis se sont engagés vendredi à soutenir le commerce, avec une enveloppe de 20 milliards de dollars, et ont rejeté tout protectionnisme dans le contexte de crise actuelle, lors de leurs derniers entretiens de haut niveau sous l'administration Bush.
"Les sentiments protectionnistes croissent dans les périodes de ralentissement.(...) Nous avons réitéré notre engagement à combattre le protectionnisme, parce qu'un commerce et des investissements ouverts sont dans l'intérêt de nos peuples", a déclaré le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, à l'issue de la cinquième session du dialogue économique stratégique (DES) bilatéral.
Pour faciliter les échanges, en cette période de crise financière, Pékin et Washington ont décidé que leurs deux banques d'import-export débloqueraient 20 milliards de dollars supplémentaires de crédits commerciaux -- 12 milliards de la part de l'institution américaine, 8 de son homologue chinoise -- destinés à leurs exportations vers les marchés émergents.
Les Etats-Unis et la Chine s'attendent à ce que "ces efforts génèrent un financement total pour les exportations allant jusqu'à 38 milliards de dollars par année", grâce à un effet d'entraînement, a précisé le secrétaire au Trésor.
Ce faisant, les deux parties estiment agir pour la croissance mondiale: la pénurie de finance commerciale peut "immédiatement retarder la production économique et l'emploi en réduisant les flux commerciaux, et restreindre les financements pour les biens d'équipement nécessaires à la croissance économique mondiale", a expliqué le Trésor.
C'est encore dans le but de libéraliser davantage les échanges que les deux parties ont, à plusieurs reprises au cours de leurs deux jours de réunions, souhaité l'aboutissement des négociations sur le cycle de Doha, dans le cadre de l'Organisation mondiale pour le Commerce.
"Un système commercial multilatéral ouvert et juste, est favorable au développement sain de l'économie mondiale et dans l'intérêt de tous", avait souligné jeudi le vice-Premier ministre chinois, Wang Qishan.
"Nous pensons que face aux défis actuels, nous devons nous opposer fermement au protectionnisme et promouvoir une reprise rapide des négociations de Doha", a-t-il encore dit vendredi, lors d'une conférence de presse avec M. Paulson, qui a également souhaité "des progrès significatifs avant la fin de cette année".
Les dernières discussions dans le cadre du cycle de Doha s'étaient conclues sur un échec en juillet et le groupe des 20 pays émergents et développés a appelé mi-novembre à leur conclusion avant fin 2008.
Si la crise de l'économie mondiale a été au coeur du DES, les deux parties ont aussi discuté de questions bilatérales -- la valeur de la monnaie chinoise contre le dollar notamment--, signé des partenariats dans le domaine environnemental et de l'énergie propre, ou convenu de nouvelles mesures de la Chine ouvrant davantage son système financier, comme l'accès des banques étrangères implantées dans le pays au marché interbancaire des obligations.
Mais les deux parties se sont séparées sans savoir si ce dialogue initié en 2006 par les présidents George W. Bush et Hu Jintao perdurerait, le président américain élu Barack Obama ne s'étant pas encore prononcé sur son éventuel maintien.
"Nous espérons continuer un dialogue pragmatique et sincère avec la nouvelle administration aux Etats-Unis", a plaidé Wang Qishan.
"Au cours des 30 dernières années, depuis l'établissement des relations diplomatiques sino-américaines, les deux pays ont (...) accru leur convergence d'intérêts et sont devenus interdépendants", a-t-il souligné.
"Les relations sino-américaines vont continuer à être de première importance pour nos deux économies et l'économie mondiale", a renchéri M. Paulson.