Les marchés boursiers ont repris des couleurs mardi, après la sévère rechute de la veille, tandis que les appels se poursuivaient pour une baisse sensible des taux de la Banque centrale européenne (BCE), afin de soutenir l'économie de la zone euro en récession.
Wall Street a regagné 3,31%, l'indice Dow Jones terminant à 8.419,09 points grâce à une chasse aux bonnes affaires après le massacre de la veille, où il avait dévissé de 7,70%.
Les Bourses européennes ont également rebondi, Francfort se relevant de 3,12%, Paris de 2,35% et Londres de 1,41%. Accusant le coup des fortes baisses de la veille à New York et en Europe, les Bourses asiatiques avaient en revanche fermé leurs portes sur des pertes importantes, notamment Tokyo (-6,35%) et Hong Kong (-4,98%).
Sur les marchés obligataires, les taux longs européens se sont une nouvelle fois détendus, poursuivant leur très fort mouvement de la veille, aidés par la ruée sur les bons du Trésor américains et par les anticipations d'assouplissement monétaire en zone euro.
Des baisses de taux vigoureuses sont attendues de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d'Angleterre (BoE), jeudi, tant par les marchés que par certains gouvernements.
La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a ainsi appelé le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, à faire "encore un petit effort" pour baisser son taux directeur.
"La politique monétaire est comme un volant que la BCE doit utiliser pour influer sur la course économique européenne" et soutenir la croissance dans la zone euro, a estimé Mme Lagarde dans une interview.
Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, avait lancé un appel similaire lundi.
La BCE a fait savoir qu'elle devrait baisser son taux directeur, actuellement fixé à 3,25%, pour faire face à la récession qui frappe la zone euro. Les économistes pensent que ce taux pourrait baisser de 0,50 ou 0,75 point de pourcentage.
De son côté, la Banque du Japon (BoJ), dans l'impossibilité de baisser son taux directeur, déjà proche de zéro, a adopté mardi de nouvelles mesures pour aider les entreprises en difficulté à emprunter aux banques, tandis que la banque centrale australienne a décidé une baisse d'un point de pourcentage à 4,25%.
Les tensions déflationnistes, qui encouragent à un assouplissement monétaire, se faisaient encore sentir mardi avec un nouveau repli des prix à la production en octobre, qui ont reculé de 0,8% par rapport à septembre dans la zone euro, soit le plus fort recul depuis la création de l'indice en 1990.
Lundi le Bureau national de la recherche économique (NBER), organisme officiel américain, avait annoncé que la récession économique avait commencé aux Etats-Unis en décembre 2007 et se poursuivait toujours, confirmant ce que la plupart des économistes pensaient déjà depuis longtemps.
La nouvelle, assortie d'une rafale d'autres indicateurs économiques exécrables aux Etats-Unis et en Europe, avait fait replonger les Bourses.
Les mauvaises nouvelles ont continué mardi avec en Espagne l'envolée de 42,7% sur un an du taux de chômage, qui frôle désormais les trois millions de chômeurs.
Les ministres des Finances des 27 ont prudemment soutenu l'objectif du plan de relance de 200 milliards d'euros prôné par Bruxelles, sans s'engager toutefois de manière contraignante en raison de réserves de plusieurs pays.
Les pays de la zone euro avaient pris leurs distances lundi soir avec cet objectif, certains gouvernements se demandant si la barre n'avait pas été fixée un peu haut.
Par ailleurs la Commission s'est dite disposée à faciliter l'octroi d'aides publiques aux banques en bonne santé pour pouvoir prêter davantage face à la récession, acceptant ainsi d'assouplir ses règles après les critiques de plusieurs gouvernements sur sa rigidité.
Dans le secteur automobile, les trois grands constructeurs américains ont commencé à présenter au Congrès leurs plans de restructuration réclamés par les parlementaires américains en échange d'une aide de l'Etat.
General Motors a ainsi demandé une aide de 18 milliards de dollars et Ford de 9 milliards.
Les trois constructeurs ont fait état de très fortes baisses de leurs ventes en novembre: -47% pour Chrysler, -41% pour GM et -30% pour Ford. Ford a ajouté qu'il allait réduire de 37% sa production en Amérique du Nord au premier trimestre 2009.
En Allemagne, le marché automobile a fléchi de 18% en novembre, sur un an, selon la fédération du secteur VDIK.
Dans le secteur aérien la concentration se poursuit. Après s'être rapprochée d'American Airlines, British Airways a dit réfléchir à une fusion avec l'australienne Qantas Airways.
Les prix du pétrole se sont enfoncés de 2,32 dollars à New York, le baril finissant sous 47 dollars pour la première fois depuis mai 2005, dans un marché déprimé par la dégradation de l'économie mondiale.