Les pays européens ont approuvé prudemment mardi l'idée d'un plan de relance économique de 200 milliards d'euros face à la récession, mais les divergences persistent sur la répartition de l'effort entre pays et les mesures précises à prendre.
"Nous sommes d'accord pour dire qu'un paquet (de mesures) de l'ordre de 1,5% du Produit intérieur brut" européen, soit environ 200 milliards d'euros, "constituerait un stimulus significatif pour nos économies", souligne un texte adopté par les ministres des Finances de l'UE à Bruxelles.
Le document, qui va être à présent soumis aux dirigeants européens lors de leur sommet des 11 et 12 décembre, reprend donc à son compte l'objectif proposé la semaine dernière par la Commission européenne.
Il le fait toutefois avec beaucoup de prudence. Le texte souligne que les propositions de Bruxelles constituent seulement "une bonne base" de réponse à la crise économique, et qu'il faudra "prendre en compte les spécificités des Etats" de l'UE.
"En résumé, on est d'accord sur la direction à prendre mais on reste suffisamment vague pour ne fâcher personne", souligne une source diplomatique.
La France et la Grande-Bretagne notamment militent pour un plan de relance très ambitieux. Le président français Nicolas Sarkozy doit présenter jeudi une série de mesures nationales de l'ordre de 20 milliards d'euros.
D'autres comme l'Allemagne ont milité à Bruxelles pour que les promesses d'action soient le moins contraignantes possibles.
La première économie européenne estime avoir déjà fait suffisamment en promettant 32 milliards d'euros et entend ne pas céder aux sirènes de ses partenaires qui attendent d'elle un effort supplémentaire.
Il n'est question que l'Allemagne "soit forcée de prendre des mesures" de relance risquant de creuser excessivement les déficits, au seul motif qu'elle a réussi à assainir ses comptes publics ses dernières années, a martelé mardi le ministre des Finances allemand Peer Steinbrück.
Un échange un peu vif a d'ailleurs eu lieu lundi soir entre M. Steinbrück et le ministre italien Giulio Tremonti, lors d'une réunion des grands argentiers de la seule zone euro, selon des diplomates.
Au nom de la solidarité, M. Tremonti a proposé que les gouvernements s'allient pour lancer des emprunts d'Etat européens face à la crise.
Réponse en substance de M. Steinbrück: pas question que l'Allemagne s'endette pour le compte de l'Italie, en la faisant profiter des taux d'intérêt alléchants auxquels elle a droit sur les marchés grâce à sa bonne situation budgétaire.
"J'ai eu un débat avec mon collègue italien" à ce sujet, a reconnu en souriant le ministre allemand.
De leur côté, plusieurs pays d'Europe de l'Est comme la Hongrie, en situation très fragile, ou la Pologne, ne veulent pas laisser filer leurs déficits, au moment où ils cherchent à se qualifier pour adopter l'euro, ce qui suppose une maîtrise des comptes publics.
Et à l'intérieur de la zone euro, l'Irlande ou la Grèce ont peu de marge de manoeuvre budgétaire avec des déficits déjà profondément dans le rouge.
La plupart des ministres se sont en revanche retrouvés pour reprocher à la Commission européenne, gendarme de la concurrence, d'être trop rigide dans les conditions qu'elle impose aux banques européennes pour pouvoir bénéficier de recapitalisations publiques.
Ils ont eu une explication avec la commissaire chargée du dossier, Neelie Kroes. Et cette dernière a annoncé dans la foulée qu'elle allait assouplir ses règles. Des propositions en ce sens sont attendues avant Noël.