
Les pays qui n'accorderont pas rapidement des aides économiques au secteur automobile devront faire face à des destructions d'emplois "massives" chez eux, a averti lundi le PDG des constructeurs français Renault et japonais Nissan, Carlos Ghosn.
"Les destructions d'emplois seront massives dans les pays qui n'aideront pas rapidement le secteur automobile à se financer", a affirmé M. Ghosn lors d'un symposium à Tokyo sur les 150 ans de relations diplomatiques franco-japonaises.
"Cela ne se verra pas immédiatement, mais dans quelques années", a-t-il pronostiqué.
Le patron de Renault et Nissan estime que les pouvoirs publics doivent aider les constructeurs à se financer, compte tenu de l'importance du secteur automobile aux Etats-Unis, en Europe ou au Japon, en termes industriels et d'emplois.
"Les constructeurs, leurs fournisseurs et distributeurs sont dans l'incapacité de lever des fonds, ou à plus court terme et avec taux d'intérêts plus chers", a souligné M. Ghosn.
"Dans cette situation, les achats d'équipements et autres dépenses en cash sont réduits et les emplois sont forcément affectés", a-t-il expliqué, indiquant qu'il ne fait "absolument aucun doute" que les activités de recherche et développement (R&D) ne seront pas davantage épargnées par les restrictions financières, même si tous les patrons jureront le contraire.
"Le financement pour l'industrie automobile, c'est comme l'eau pour l'être humain. C'est vital" a insisté M. Ghosn. Même les groupes les plus solides seront durement touchés si le robinet du crédit est fermé, a-t-il averti.
M. Ghosn plaide pour que les pouvoirs publics permettent au secteur automobile de bénéficier de "prêts à long terme à des taux raisonnables".
"Nous le demandons aux gouvernements français et japonais", a-t-il rappelé. En octobre, les constructeurs auropéens avaient réclamé une aide chiffrée à 40 milliards d'euros, sous la forme de prêts à taux réduit et de primes pour inciter les consommateurs à remplacer leurs voitures.
Carlos Ghosn a jugé toutefois "contestable" la simple distribution d'argent aux constructeurs les plus faibles.
Le secteur automobile européen, un des premiers employeurs privés du continent, est confronté à la plus forte baisse des ventes depuis quinze ans, obligeant les constructeurs à réduire leur production. Au Japon aussi, le marché automobile s'oriente vers sa pire année en quatre décennies en 2008.
La Commission européenne a lancé fin novembre une initiative de 5 milliards d'euros pour produire des voitures plus "vertes", tout en écartant un plan de sauvetage "à l'ancienne" comme celui envisagé aux Etats-Unis. Allemagne, France et Espagne - les trois principaux pays producteurs de l'Union européenne prévoient toutes divers plans d'aide au secteur.
Aux Etats-Unis, les "Big Three" - General Motors (GM), Ford et Chrysler - supplient les pouvoirs publics de leur octroyer une rallonge de 25 milliards de dollars à un premier prêt du même montant accordé en septembre.