L'Opep va étudier une baisse de production samedi lors de sa réunion extraordinaire du Caire samedi mais devrait, comme l'ont laissé entendre les ministres qui arrivaient vendredi, attendre sa réunion de décembre pour agir malgré la spectaculaire chute des prix du brut.
"Une décision pourrait être prise mais ce sera en Algérie", le 17 décembre, et non à la réunion du Caire samedi, a déclaré vendredi à son arrivée dans la capitale égyptienne le ministre koweïtien du pétrole Mohammed Al-Olaim.
La majorité des ministres arrivés sur les rives du Nil se sont exprimés en ce sens. "Je ne pense pas qu'on ait une décision fracassante", avait ainsi déclaré le ministre nigérian du pétrole Odein Ajumogobia. Des propos du même tonneau ont été tenus par le ministre qatari de l'Energie, Abdallah ben Hamad Al-Attiyah.
Même son homologue iranien, Gholam Hossein Nozari, d'ordinaire le premier à élever la voix en faveur d'une baisse de production, a déclaré que le cartel se réunissait cette fois pour "préparer des données chiffrées" avant peut-être "une décision finale en Algérie".
Seules voix dissonantes dans ce consensus affiché pour un maintien des quotas samedi, le Venezuela et la Libye ont laissé la porte ouverte à une baisse.
"Une décision est peut-être nécessaire mais nous devons décider si c'est demain (samedi) ou à la prochaine réunion en Algérie", a ainsi indiqué Rafael Ramirez, le ministre vénézuélien du Pétrole.
Une réunion dite consultative "n'exclut pas une décision" en faveur d'une baisse de production, a lui aussi souligné Choukri Ghanem, chef de la délégation libyenne.
Le puissant ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, chef de file du cartel, n'a de son côté pas dévoilé ses intentions. L'Arabie saoudite, premier producteur mondial, et les autres pays du Golfe sont traditionnellement des modérés au sein de l'Opep.
Ryad pourrait chercher à ménager son allié américain, en proie à la pire crise financière depuis 1929.
Le président de l'Opep, l'Algérien Chakib Khelil, n'a pas non plus fait de commentaires depuis son arrivée au Caire, après avoir répété ces derniers jours qu'il était trop tôt pour agir et qu'il valait mieux attendre la réunion du 17 décembre qui se tiendra dans son pays, à Oran.
La probabilité semble ainsi très forte que l'Opep repousse une décision sur ses quotas de production à la réunion extraordinaire d'Oran et que le cartel s'assure samedi que la baisse de production d'1,5 million de barils décidée fin octobre, effective depuis le 1er novembre, a été respectée.
C'est "le principal problème", estime l'analyste Bill Farren-Price, de Medley Global Advisers, ajoutant qu'il est vain pour l'Opep d'annoncer d'autres baisses de production tant que ses 13 membres ne respectent pas les décisions antérieures.
Question de "crédibilité", ajoute-t-il, alors que les membres de l'Opep n'ont pas toujours fait preuve de discipline par le passé.
Cependant, pour quelques experts, tout n'est pas joué et le brouillage des messages entourant la réunion du Caire --dont l'importance a été au fil des jours minimisée par l'Organisation-- laisse planer un doute.
Olivier Jakob, analyste de Petromatrix, laisse entendre que l'Opep aurait délibérément rabaissé les attentes entourant la réunion pour que le marché n'intègre pas à l'avance dans les cours une riposte du cartel.
"Si l'Opep n'annonce pas une baisse maintenant, elle s'expose au risque d'une chute des prix la semaine prochaine", alors que les cours pétroliers ont été divisés par trois depuis leurs records de la mi-juillet (à 147,50 dollars le baril), estime pour sa part Simon Wardell, de Global Insight.