
L'économie américaine a connu un mois d'octobre noir marqué par une dégradation accélérée de la quasi-totalité des indicateurs, avec en particulier une baisse, de fort mauvais augure, de la consommation pour le quatrième mois consécutif.
Les dépenses des ménages ont baissé en octobre de 1,0% par rapport au mois précédent, ce qui marque leur plus forte baisse depuis septembre 2001, selon les chiffres officiels corrigés des variations saisonnières publiés mercredi.
L'intensité de ce recul, supérieur aux attentes des analystes et à celui enregistré le mois précédent (0,3%), corrobore le scénario de nombre d'économistes, qui prévoient une accentuation de la baisse du produit intérieur brut des Etats-Unis au quatrième trimestre. La consommation est en effet le moteur traditionnel de la croissance américaine.
"L'économie est désormais aux prises avec la phase la pire de la récession", estime Brian Bethune, économiste du cabinet IHS Global Insight.
Au troisième trimestre, le produit intérieur brut des Etats-Unis avait déjà reculé de 0,5% en rythme annuel, plombé par un recul de la consommation (-3,7%) sans égal depuis le deuxième trimestre de 1980.
Pour Ian Shepherdson du cabinet HFE, tout indique que le recul de la consommation sera "de l'ordre de 5%" au quatrième trimestre.
La saison des courses de Noël, qui s'ouvre traditionnellement vendredi au lendemain de la fête de Thanksgiving, s'annonce particulièrement "frugale", pour reprendre l'expression d'économistes de l'Université du Maryland.
Selon les chiffres publiés mercredi, les commandes de biens durables ont chuté de 6,2% en octobre, enregistrant leur troisième baisse mensuelle d'affilée et leur plus fort recul depuis octobre 2006.
Pour Elsa Dargent, économiste chez Natixis, ces chiffres laissent présager "de faibles statistiques d'investissement au quatrième trimestre", ce qui ajouterait aux facteurs faisant baisser le PIB.
Les ventes de logements neufs sont elles tombées en octobre à leur plus bas niveau depuis janvier 1991.
D'une manière générale, octobre a été un mois catastrophique pour l'économie américaine, avec une forte dégradation de tous ses principaux indices.
Le chômage est monté à 6,5%, son plus haut niveau depuis plus de 14 ans, l'activité dans les services, qui représente près de 85% de l'empoi a reculé, et celle du secteur industriel, déprimé depuis deux ans, est tombée à son plus bas niveau depuis 1982.
Signe de la dégradation de la consommation, les ventes de détail aux Etats-Unis ont reculé de 2,8% en octobre par rapport à septembre, soit leur plus forte baisse depuis le lancement de cet indice en 1992.
Le secteur de l'immobilier, par lequel la crise est arrivée, reste lui aussi sinistré. Les mises en chantiers de logements et le nombre des permis de construire délivrés sont tombés à leur plus bas depuis un demi-siècle.
Pour couronner le tout, les derniers indicateurs de prix font maintenant apparaître une nouvelle menace, celle d'une déflation, même si celle-ci reste encore très ténue.
Et les premiers indicateurs pour novembre ne permettent pas de dire que le plancher a été touché, au contraire.
La Réserve fédérale (Fed) n'exclut plus que le PIB des Etats-Unis recule pour l'ensemble de 2009 et envisage même que le chômage puisse monter jusqu'à 7,6%, du jamais vu depuis 1992.
"Nous sommes confrontés à une crise économique aux proportions historiques", a estimé mercredi le futur président américain Barack Obama, qui a annoncé la création d'une nouvelle équipe de conseillers chargée de trouver des solutions à la crise sous la houlette d'un ancien président de la Fed, Paul Volcker.