L'ocde a prévu mardi pour 2009 une récession qui sera la plus grave depuis le début des années 80 dans la plupart des pays de sa zone, tandis que le PIB américain reculait de 0,5% au troisième trimestre.
"Nous sommes au commencement d'une des pires récessions de l'après-guerre, même en prenant en compte un programme massif de relance" par l'administration de Barack Obama, a estimé Nariman Behravesh, d'IHS Global Insight.
L'euro a aussitôt réagi à cette annonce en repassant, pour la première fois depuis le 5 novembre, au-dessus d'1,30 dollar.
Pour favoriser le crédit à la consommation et tenter de relancer le marché immobilier, la Réserve fédérale a débloqué 800 milliards de dollars.
La Bourse de New York après les fortes hausses de la veille a du coup ouvert sur une note ferme avant de repasser dans le rouge après deux heures d'échanges.
Les Bourses de Francfort et de Paris, qui avait ouvert en baisse ont en revanche réagi positivement, Francfort terminant sur une progression modeste (0,13%), sur fond de très mauvaises nouvelles du secteur automobile et Paris progressant de 1,18%. Londres a terminé en hausse de 0,44%.
Dans leur ensemble, les 30 pays de l'OCDE devraient connaître une récession de 0,4% l'an prochain, puis une reprise de 1,5% en 2010, avec pour conséquence un bond du chômage dans sa zone, le nombre de personnes sans emploi passant de 34 millions actuellement à 42 millions d'ici 2010.
Le Royaume-Uni va s'enfoncer lui aussi dans la récession en année pleine l'an prochain. Le Japon est menacé d'un retour de la déflation dès la mi-2009, selon le rapport semestriel de perspectives économiques de l'OCDE.
Par ailleurs, le produit intérieur brut des Etats-Unis a reculé de 0,5% au troisième trimestre (en rythme annuel) par rapport au précédent, selon la nouvelle estimation publiée mardi par le département du Commerce, qui avait prévu initialement une baisse de 0,3%.
Aux USA, les dépenses de consommation des ménages, qui assurent en temps normal près de 70% la croissance de l'économie américaine ont reculé de 3,7%. C'est leur plus fort recul depuis le deuxième trimestre de 1980.
La baisse découle d'un recul des achats de biens durables (-15,2%), et des biens non durables (-6,9%), leur repli le plus fort depuis 1950.
C'est une des conséquences de la crise, qui pousse nombre d'Américains à se serrer la ceinture au quotidien et à reporter leurs gros achats, du fait conjugué de la hausse du chômage et de la difficulté à obtenir des crédits.
Le président élu Barack Obama devait appeler mardi à des sacrifices de la part des Américains, au cours de sa deuxième conférence de presse en deux jours consacrée à l'économie. "Pour faire les investissements dont nous avons besoin, nous allons devoir examiner notre budget fédéral ligne par ligne et faire des coupes et des sacrifices", avait-il dit lundi.
De son côté le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson a estimé qu'il faudrait "du temps pour traverser les difficultés actuelles" de l'économie américaine, et que de "nouveaux défis" ne manqueraient pas de se poser.
Il serait "naïf" de croire que tous les problèmes vont être résolus d'un seul coup, a ajouté M. Paulson
Plusieurs entreprises ont annoncé de mauvaises nouvelles liées à la morosité économique mondiale: la suppression de 3.400 emplois par le groupe de BTP suédois Skanska courant 2009, le licenciement de 2.400 salariés américains du numéro un mondial de l'acier ArcelorMittal d'ici mi-janvier.
Le groupe minier anglo-australien BHP Billiton a de son côté renoncé à son offre d'achat sur son compatriote et concurrent Rio Tinto, qui aurait donné naissance à un géant mondial du secteur, en raison du contexte de détérioration du climat économique et de baisse du cours des matières premières.
En Asie les marché était en revanche plutôt euphorique. A Tokyo, l'indice nikkei s'était envolé de 5,22%, Hong Kong clôturant en hausse de 3,4%, Sydney de 5,79% ou encore Manille de 6,03%. En revanche, Shanghai a terminé en baisse de 0,44%.
Simultanément, un rapport de la Banque mondiale revoyait sensiblement à la baisse mardi les prévisions de croissance en Chine en 2009, à +7,5% (contre initialement 9,2%), son plus faible niveau en 19 ans.