
L'Espagne a exprimé mardi son intention de voler au secours de son secteur automobile, le troisième d'Europe, qui essuie de plein fouet la crise économique, avec des dizaines de milliers d'emplois menacés alors que les mauvais chiffres s'accumulent.
"Nous ferons tout ce qu'il est possible de faire légalement" pour préserver ce secteur clé pour les exportations espagnoles, a déclaré mardi le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero.
"Je constate que l'automobile va bénéficier d'un traitement spécial" dans le cadre des mesures de relances européennes devant être annoncées mercredi, a-t-il dit lors d'une conférence organisée par l'hebdomadaire britannique The Economist.
"J'attends ce plan pour y incorporer NOS mesures de soutien au secteur", a ajouté M. Zapatero, qui présentera jeudi au parlement des mesures de relance économiques inspirées du plan européen.
Le ministre de l'Industrie Miguel Sebastian a par ailleurs annoncé mardi qu'il dévoilerait en janvier un plan pour unifier notamment l'action des régions espagnoles où sont implantées des entreprises du secteur.
L'Espagne est le troisième pays producteur automobile européen. En 2007, elle a assemblé 2,88 millions de véhicules, derrière la France (3,01 millions) et l'Allemagne (6,21 millions), selon l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA).
Elle exporte 80% de sa production et souffre à la fois de l'effondrement du marché intérieur (-40% d'immatriculations en octobre sur un an) et du repli du marché européen (-14,5% de ventes en octobre).
Sa production a chuté de 26% en octobre sur un an, selon des chiffres diffusés mardi par l'Association nationale des constructeurs automobiles (Anfac).
Le président de Renault Espagne, Jean-Pierre Laurent, interrogé par l'AFP, a estimé que sur les trois derniers mois de l'année, "le marché connaîtra une baisse comprise entre 45 et 55%" par rapport aux mêmes mois de 2007
Le secteur est crucial en Espagne en termes de Produit intérieur brut (PIB), de commerce extérieur et d'emplois. Il pèse un peu moins de 10% du PIB, environ 15% des exportations et près de 10% des emplois.
Le journal de centre-gauche El Pais a chiffré mardi à 50.000 le nombre d'emplois déjà menacés (licenciements, chômage technique, etc) chez les constructeurs, équipementiers et concessionnaires.
Le constructeur automobile américain Ford a annoncé mardi qu'il prévoyait 21 jours d'arrêt d'activité au premier semestre 2009, affectant près de 5.200 salariés en Espagne.
Le gouvernement socialiste, qui a déjà engagé des milliards d'euros depuis janvier pour tenter de contrer le ralentissement économique consécutif du retournement du marché immobilier, n'a plus une marge de manoeuvre illimitée pour aider l'automobile, les grands travaux et soutenir la consommation.
Jean-Pierre Laurent espère que l'Espagne réussira à tirer son épingle du jeu dans des négociations européennes visant à soutenir le secteur.
M. Zapatero "nous a annoncé un plan fort pour l'automobile et s'est engagé (...) à ce que l'Espagne soit reconnue comme un important pays producteur européen" et que tout l'argent du plan européen ne se concentrera pas sur la France ou l'Allemagne, a déclaré le président de Renault-Espagne.
Le président français Nicolas Sarkozy a indiqué lundi que la France et l'Allemagne étaient déterminées à soutenir chacune leur secteur.
"Nous ne laisserons pas tomber l'industrie automobile, ça c'est une constante pour l'Europe. J'ai cru comprendre d'ailleurs qu'en Allemagne, c'était exactement la même volonté politique", a déclaré lundi M. Sarkozy après une rencontre à Paris avec la chancelière allemande Angela Merkel.