
L'UE finalise dans la cacophonie son plan de relance, avec des divergences sur l'opportunité de baisser la TVA, et un montant qui sera limité au regard de l'effort envisagé par les Etats-Unis où une gigantesque enveloppe de 700 milliards de dollars est à l'étude.
Comme lors du sauvetage des banques européennes en octobre, le Premier ministre britannique Gordon Brown a pris les devants, au risque de semer la discorde avec ses partenaires.
Son gouvernement a annoncé lundi une réduction de 17,5% à 15% du principal taux de TVA, qui entrera en vigueur le 1er décembre et durera jusqu'à la fin 2009, pour contrer la crise économique et les menaces de récession en Europe.
La Commission européenne compte reprendre à son compte cette idée dans un plan de relance qu'elle dévoilera mercredi. Elle compte proposer aux Etats de l'UE d'utiliser cet outil comme instrument possible pour soutenir l'économie, a indiqué à l'AFP une source européenne.
Le plan devrait indiquer "qu'une baisse du taux standard de TVA fait partie des mesures de relance qui peuvent être utilisées au niveau national", à condition de ne pas aller en dessous du minimum de 15% admis dans l'UE, selon cette source.
L'Allemagne et la France ont cependant déjà rejeté lundi l'idée d'une telle mesure pour relancer leurs économies.
"Une baisse générale de la TVA, qui est peut-être la réponse pour certains pays, n'est pas la bonne réponse pour la France et l'Allemagne", a fait savoir la chancelière allemande Angela Merkel lundi, à l'issue d'une rencontre à Paris avec le président français Nicolas Sarkozy.
"La France partage l'analyse de l'Allemagne", a renchéri Nicolas Sarkozy.
L'Allemagne est embarrassée car elle a récemment remonté son taux de TVA de base.
Elle estime en outre avoir déjà "fait son devoir" européen en engageant déjà 32 milliards d'euros sur deux ans pour son économie. Et M. Sarkozy n'est pas parvenu lundi à convaincre Angela Merkel, à la tête de la première économie européenne, de mettre davantage la main à la poche pour aider l'UE.
Les mesures préparées par la Commission européenne pourraient représenter quelque 1% du produit intérieur brut européen, soit 130 milliards d'euros, incluant des programmes annoncés au niveau national.
Parmi les grands volets du plan envisagés: l'accélération du versement aux Etats de l'UE d'une partie des fonds européens destinés aux populations défavorisées et au développement régional, des mesures pour soutenir les petites entreprises, ou la recherche et l'innovation technologique, particulièrement pour lutter contre le changement climatique.
Le plan devrait contenir en particulier des propositions en faveur de secteurs fortement affectés par la crise, comme l'automobile et le bâtiment, en axant les initiatives sur les voitures "propres" et les bâtiment économes en énergie.
L'exécutif européen, les gouvernements et la Banque européenne d'investissement (BEI), qui compte proposer d'augmenter son volume total de prêts de 10 à 15 milliards d'euros par an en 2009 et 2010 pour soutenir l'économie, seraient mobilisés pour soutenir ces projets.
Le plan européen reste cependant timide au regard de programmes de relance décidés ou envisagées ailleurs dans le monde, comme aux Etats-Unis, en Chine ou au Japon.
Aux Etats-Unis, le président démocrate élu Barack Obama et les élus démocrates au Congrès mettent la dernière touche à un vaste plan qui pourrait se monter à 700 milliards de dollars sur deux ans, selon le Washington Post de lundi.
Au Japon, le plan de relance annoncé fin octobre devrait s'élever à 207 milliards d'euros. Et la Chine compte injecter 455 milliards d'euros.