Le gouvernement allemand, qui voit l'année 2009 en noir et vient d'élaborer un plan de soutien à la conjoncture, restait divisé dimanche sur la politique fiscale à suivre face à la récession.
Sans détours, la chancelière chrétienne-démocrate Angela Merkel (CDU) a prévenu ses quelque 82 millions de concitoyens que 2009 sera "une année de mauvaises nouvelles, au moins dans les premiers mois".
Chez les conservateurs comme chez les sociaux-démocrates, partenaires dans la coalition, le constat est le même.
"Nous sommes en récession et nous avons une année 2009 difficile devant nous", prévient également dimanche le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück dans le quotidien Der Tagesspiegel.
"Nous nous trouvons devant une récession de l'économie mondiale comme nous n'en avons jamais vécue depuis des décennies", analysent des experts du ministre conservateur de l'Economie Michael Glos, cités par l'hebdomadaire Der Spiegel.
L'Allemagne est entrée au troisième trimestre en récession technique pour la première fois depuis cinq ans.
Pour doper la conjoncture, le gouvernement a adopté le 4 novembre diverses mesures ciblées qui représentent 32 milliards d'euros d'impulsion budgétaire sur deux ans et doivent garantir près d'un million d'emplois en Allemagne.
Certains responsables conservateurs, dont le ministre de l'Economie Michael Glos (CSU, aile bavaroise de la CDU) et le chef du gouvernement bavarois Horst Seehofer considèrent que ce plan, qui doit encore être soumis au Parlement, ne suffira pas à redresser l'économie allemande. En guise d'impulsions supplémentaires, ils réclament des baisses d'impôts avant les prochaines élections législatives de septembre 2009 et non pas après comme prévu par Mme Merkel.
Le programme conjoncturel est un premier pas mais "cela aiderait la conjoncture si nous baissions les impôts maintenant pour les petits et moyens salaires", a estimé M. Glos dans l'hebdomadaire Der Spiegel.
Mais pour la chancelière chrétienne-démocrate, il n'est pas question d'envisager d'éventuels allègements fiscaux avant 2010, quitte à décevoir même dans ses propres rangs. A une semaine du congrès de la CDU, l'aile la plus à droite du parti espère encore une baisse des impôts sur les sociétés avant la prochaine législature, soutenue par la chambre allemande de l'industrie et du commerce (DIHK).
L'industrie de la première économie de la zone euro subit de plein fouet le recul de la demande mondiale.
Se voulant rassurante, Angela Merkel fait valoir que d'autres mesures qui seront prises prochainement au niveau européen "pourraient relancer les investissements en Allemagne" et appelle les entreprises allemandes à "ne pas licencier" malgré la récession.
Très attaché à la rigueur budgétaire, son ministre des Finances, le social-démocrate Peer Steinbrück, bannit d'autant plus les baisses d'impôts que l'Allemagne a d'ores et déjà accordé un vaste plan de soutien au secteur bancaire, d'un volume de 480 milliards d'euros jusqu'à la fin 2009.
Dans ce contexte, M. Steinbrück s'est vu d'ailleurs contraint de prendre ses distances avec l'objectif d'équilibre du budget fédéral allemand en 2011.
"Cette orientation est mauvaise parce qu'elle pèsera sur nos enfants et petits-enfants sans obtenir d'effets fiables sur la croissance", a prévenu le ministre dans le Tagesspiegel.
Déjà, pendant la campagne avant les élections régionales bavaroises en septembre, la CDU et la CSU s'étaient querellées au sujet des baisses d'impôts. Angela Merkel avait alors clos le débat, donnant priorité à la rigueur budgétaire.
Il reste dix mois avant les prochaines élections législatives allemandes.