Les ministres européens du Budget sont parvenus vendredi à un accord pour débloquer sur trois ans une aide d'un milliard d'euros promise en juillet aux agriculteurs des pays pauvres, a annoncé la présidence française de l'Union européenne.
L'accord prévoit que les versements se feront en trois phases sur la période 2008-2010, a précisé le ministre français du Budget, Eric Woerth, avec "un premier versement en 2008 de 262 millions d'euros".
Le second versement sera de 568 millions d'euros en 2009 et le solde, soit 180 millions d'euros, sera déboursé en 2010.
"Nous concrétisons un engagement très fort de l'Union européenne avec une réponse concrète à la crise alimentaire", a souligné le ministre.
"Nous avons tenu nos promesses", a pour sa part commenté la commissaire européenne au Budget, Dalia Grybaukaité.
Ce milliard doit aider les pays en développement à augmenter leur production agricole, par le financement d'achats de semences et d'engrais.
L'idée initiale était de prélever cette somme sur les montants non utilisés de la Politique agricole commune (PAC), mais l'Allemagne et plusieurs autres Etats ont refusé d'utiliser ces fonds pour des actions hors du territoire de l'UE.
Pressés par le commissaire au Développement Louis Michel, qui les accusait d'inventer des "prétextes", les argentiers de l'UE ont donc été contraints de faire les fonds de caisses et de jongler avec des sommes de diverses provenances.
Une partie des fonds sera prélevée sur les montants prévus pour les actions extérieures de l'UE, une autre sur la réserve d'aide d'urgence et le solde sur l'instrument dit de "flexibilité", qui permet à l'UE de répondre à des besoins imprévus.
Les Etats membres vont devoir injecter un peu d'argent frais -- 240 millions d'euros en 2009 sur la réserve d'aide d'urgence -- pour boucler l'opération. C'est à cette condition que le Parlement européen a accepté de donner son aval au mécanisme de financement.
"Il a fallu un peu de temps pour débloquer cette aide, mais un accord à 27 n'est jamais facile", a commenté M. Woerth.
Les ministres du Budget risquent d'avoir très bientôt à refaire cet exercice de jonglage de lignes budgétaires, pour aider au financement du plan de relance européen que la Commission doit présenter mercredi prochain.
Pour le budget 2009 - qui doit respecter le cadre global des perspectives financières définies pour 2007-2013 - les ministres sont tombés d'accord sur une enveloppe totale de dépenses de 116,1 milliards d'euros.
Le Parlement européen, qui demandait une enveloppe de 124,48 milliards d'euros, doit se prononcer sur cette proposition en décembre.
Ce plan de relance, qui pourrait atteindre 130 milliards d'euros, devrait être financé surtout par des contributions des Etats membres, à hauteur de 1% de leur PIB respectif, a indiqué mercredi le ministre allemand de l'Economie Michael Glos.
Le budget communautaire devrait être mis à contribution via le redéploiement de fonds ou crédits déjà programmés, ou l'accélération de certains programmes d'investissement, dans le cadre des aides de l'UE aux régions défavorisées par exemple.
"Nous adapterons les modalités financières aux circonstances", a assuré vendredi M. Woerth.
"Il ne sert à rien d'avoir des crédits et de ne pas les dépenser", a-t-il ajouté, en référence aux montants alloués pour les fonds structurels et non utilisés.
"La proposition de la Commission visera à accélérer la pleine exécution du budget. Mais nous ne pouvons pas exclure d'autres propositions pour l'avenir, si nous sommes mis sous pression", a pour sa part déclaré Mme Grybauskaité.