L'Europe va se concerter sur des mesures de soutien à l'activité économique d'ici à un sommet de ses dirigeants mi-décembre, avec une attention particulière au secteur automobile, a indiqué mardi la présidence française de l'UE.
"Dans la perspective du Conseil européen (sommet) du mois prochain (les 11 et 12 décembre), la présidence entend conduire la réflexion entre les Etats membres sur les axes prioritaires d'une action de relance", a déclaré le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet au Parlement européen.
"Plusieurs Etats membres ont annoncé réfléchir à des mesures de soutien à certains secteurs industriels, de telles mesures doivent être concertées pour être pleinement efficaces et préserver l'intégrité du marché intérieur", c'est-à-dire ne pas entraîner des avantages concurrentiels indus d'un pays à l'autre, a-t-il ajouté, estimant que "certains crédits du budget européen pourraient être rapidement mobilisés pour répondre au ralentissement" économique.
Il a estimé que "ces mesures de soutien devaient s'inscrire dans un plan plus global permettant notamment de soutenir les secteurs les plus menacés, comme l'est aujourd'hui l'industrie automobile dans l'ensemble de l'UE".
Un porte-parole de la Banque européenne d'investissement, bras financier de l'UE, avait indiqué lundi que la BEI était prête à augmenter nettement son volume de prêts, notamment pour aider les constructeurs automobiles en crise.
L'action de la BEI est "une piste parmi d'autres" étudiées pour le secteur automobile - l'un des premiers employeurs privés en Europe - par la Commission européenne, dans le cadre du plan de relance européen qu'elle présentera le 26 novembre, a indiqué mardi une source européenne.
On peut aussi "imaginer un encouragement à l'adaptation à des technologies nouvelles, comme des technologies plus vertes", a précisé cette source, soulignant qu'il s'agirait surtout de "crédits" et pas de "subventions à fonds perdus".
Le commissaire européen à l'Industrie Günter Verheugen avait déjà soutenu l'idée de prêts à taux réduit au secteur automobile pour développer des véhicules plus "verts", après une rencontre avec des représentants des constructeurs.
Le président de la Commission José Manuel Barroso a lui aussi évoqué mardi à Strasbourg le "cadre de relance" que préparent ses services pour mercredi prochain. Ce plan vise à "limiter les conséquences du ralentissement économique sur l'emploi", a-t-il indiqué, sans citer cependant l'automobile.
M. Barroso a plaidé comme M. Jouyet pour "la coordination" entre les Etats membres. "Aucun Etat membre ne pourra sortir de cette crise avec des mesures nationales", a-t-il souligné.
Compte tenu des limites du budget européen, déjà défini jusqu'en 2013, la Commission devrait surtout proposer des redéploiements de fonds ou crédits déjà programmés.
Certains programmes d'investissement pourraient aussi être accélérés, notamment dans le cadre des aides de l'UE aux régions défavorisées.
Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a lui proposé que la Commission européenne émette "des obligations en euros" pour financer des projets d'infrastructure (routes, chemins de fer, distribution d'énergie), dans une interview lundi au quotidien allemand Bild Zeitung.