Le gouvernement allemand a affiché lundi sa détermination à coups de réunions de crise pour aider l'automobile, et notamment Opel, la filiale du constructeur américain en grande difficulté General Motors, qui a besoin d'au moins un milliard d'euros.
La chancelière Angela Merkel a annoncé en fin d'après-midi, à l'issue d'une réunion avec les dirigeants européens d'Opel, que l'Allemagne déciderait avant Noël d'octroyer ou non des garanties pour le constructeur, qui compte près de 26.000 salariés dans le pays.
Ces garanties pourraient atteindre "plus d'un milliard d'euros", a indiqué Carl-Peter Forster, le patron de GM Europe à l'issue de la réunion. Il a assuré que le constructeur n'avait "pas un besoin urgent de liquidités à court terme mais d'une protection à moyen terme".
Mme Merkel a par ailleurs martelé qu'Opel était "un cas particulier" et que le gouvernement ne pourrait venir au secours de toutes les entreprises en difficulté.
Le cas du constructeur des Corsa ou Astra est en effet différent des autres champions nationaux tels Daimler, BMW ou Volkswagen. Certes lui aussi peine à écouler ses modèles et a annoncé des baisses de production, entraînant d'importantes mesures de chômage technique.
Mais Opel est aussi la victime des difficultés de sa maison-mère, au bord de la faillite. "Nous devons partir du principe que les créances de plusieurs milliards d'Opel à General Motors ne seront plus honorées dans le cas d'une aggravation de la situation de GM aux Etats-Unis", a estimé Klaus Franz, responsable du comité d'entreprise d'Opel.
Sans compter que la trésorerie de l'américain inquiète les éventuels bailleurs de fonds d'Opel, réticents à s'engager auprès de la filiale européenne.
La démarche du constructeur n'en suscite pas moins la polémique.
D'abord Opel n'est plus un groupe allemand, mais la filiale d'une entreprise américaine dans un pays volontiers "patriote" --selon l'expression du ministre des Finances Peer Steinbrück-- avec son industrie automobile.
"L'argent (public, ndlr) ne doit pas s'infiltrer aux Etats-Unis", a ainsi martelé lundi Roland Koch, le chef du gouvernement de l'Etat régional de Hesse (ouest), où sont employés 60% des salariés d'Opel en Allemagne.
Globalement, "si l'Etat devait se porter caution, il devrait aussi formuler des conditions", a expliqué Dieter Althaus, le chef du gouvernement de Thuringe (est).
Même tonalité du côté du syndicat IG Metall, qui demande des contreparties en cas d'aide publique, notamment en matière d'emplois et de réduction de la dépendance d'Opel à l'égard de sa maison-mère.
Mme Merkel a promis lundi qu'en cas d'octroi de garantie, l'argent "resterait en Allemagne".
Plus largement, le cas d'Opel est l'occasion de relancer l'idée d'un plan global pour l'automobile, qui joue un rôle clef en Allemagne avec près de 750.000 salariés.
Parallèlement à la réunion organisée par la chancelière doit avoir lieu dans la soirée autour de son rival social-démocrate à la chancellerie l'an prochain, le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, une autre réunion avec les représentants syndicaux des principaux groupes automobiles.
"Nous n'allons pas laisser seuls les salariés de l'industrie automobile dans cette situation difficile", a indiqué le ministre.
Et mardi les chef de gouvernement des Etats régionaux concernés doivent rencontrer les ministres des Finances et de l'Economie, Peer Steinbrück et Michael Glos.