La banque américaine Citigroup, sortie très affaiblie de la crise financière, a annoncé lundi qu'elle allait tailler massivement dans ses effectifs, avec la disparition projetée de 50.000 emplois dans les prochains mois, sans pour autant convaincre un marché sceptique.
Ces suppressions se feront "pour moitié via les cessions d'actifs en cours, le reste par des départs volontaires et des licenciements secs", a-t-on précisé chez l'ancien numéro un mondial de la banque.
Il s'agit de la deuxième plus grosse charrette annoncée par une entreprise américaine depuis un plan social de 60.000 personnes chez le groupe informatique IBM en 1993, selon le cabinet en ressources humaines Challenger.
Citigroup, l'un des établissements les plus touchés dans le monde par les conséquences de la crise du "subprime", souhaite ainsi pouvoir "entamer 2009 plus fort qu'en 2008". La principale mesure annoncée consiste en la "réduction à court terme de 20% des effectifs par rapport à leurs sommets" historiques.
Les effectifs mondiaux de la banque avaient atteint un maximum de 375.000 personnes fin 2007. Ils étaient tombés à 352.000 fin septembre et devraient être ainsi ramenés autour de 300.000 personnes, selon les documents ayant servi à une présentation du directeur général Vikram Pandit aux salariés.
Citigroup veut aussi intensifier ses réductions de coûts en abaissant ses dépenses de 20%, pour les ramener autour de 50-52 milliards de dollars en 2009.
Le message, s'il était dirigé en premier lieu aux salariés, s'adressait aussi à la communauté financière.
Cette dernière affiche en effet un scepticisme croissant quant à la capacité de Citigroup de survivre à la crise, en dépit de l'aide de 25 milliards de dollars récemment apportée par l'Etat fédéral.
L'action Citigroup a perdu 24% la semaine dernière et plus de 70% cette année. Elle cédait encore 2,84% à 9,25 dollars vers 19H00 GMT.
Selon Douglas McIntyre, analyste du site 247Wallstreet, "la question est de savoir si Citigroup sera la prochaine Wachovia", qui a dû se vendre à sa concurrente Wells Fargo, "ou le prochain AIG", l'assureur renfloué pour plus de 150 milliards de dollars par l'Etat.
Washington "pourrait faire pression sur la direction (de Citigroup) pour que l'entreprise soit vendue au meilleur offrant du secteur", estime cet analyste.
Andrew Cuomo, le ministre de la Justice de l'Etat de New York --où la banque a son siège--, a estimé que le plan social était "un évènement triste et perturbant". "Citigroup devrait suivre l'initiative de Goldman Sachs et annoncer rapidement que ses dirigeants ne toucheront pas de bonus cette année", a enjoint le ministre.
Citigroup, en pertes depuis quatre trimestres consécutifs, a déjà levé depuis l'an dernier plus de 50 milliards de dollars pour se renflouer, réduit son portefeuille d'actifs de plus de 100 milliards de dollars, cédé plusieurs activités et réorganisé ses différentes activités.
La direction a fait valoir lundi que la banque est maintenant en bonne position.
M. Pandit, maître d'oeuvre du nettoyage des comptes de Citigroup depuis sa nomination en décembre dernier, a affirmé que la banque avait déjà procédé à "une réduction significative des actifs", avait "des fonds propres très solides" et "une position concurrentielle très forte".
Citigroup dispose de 780 milliards de dollars en dépôts, ce qui lui permet de financer à bon compte plus du tiers des prêts qu'elle consent.