La Maison Blanche a dit mercredi attendre du "très concret" d'un sommet inédit sur la crise financière ce week-end, sans pour autant donner une idée très claire des résultats à attendre dans une période de transition politique compliquant la donne.
"Nous nous attendons à une discussion importante et vigoureuse avec des résultats très concrets", mais cette réunion n'est que la première d'une série, a dit un conseiller du président George W. Bush, Dan Price, deux jours avant que les dirigeants des pays les plus industrialisés et des économies émergentes ne se rassemblent à Washington.
Le "sherpa" américain a dit s'attendre à ce que les dirigeants du G20 s'entendent sur un "plan d'action" de mesures pour un avenir proche, et sur des principes de réformes ultérieures du système pour empêcher une nouvelle crise comme celle qui semble devoir mener aujourd'hui à une récession généralisée.
Devant un tel danger, le G20, créé dans les années 90 après la crise asiatique, se réunit vendredi et samedi pour la première fois au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement.
Mais entre le président français Nicolas Sarkozy qui réclame une refondation du système financier et M. Bush qui met en garde contre tout excès, tout le monde ne vient pas avec les mêmes ambitions.
M. Price a reconnu la nécessité d'apporter "certains changements" aux règles financières, mais "les réformes nécessaires ne réussiront que si elles sont fondées sur un engagement commun envers les principes du libre marché".
En faisant miroiter des mesures à court terme, M. Price donne des gages à ceux qui, comme M. Sarkozy, ont dit qu'ils ne venaient pas pour "participer à un sommet de mondanités".
Mais prié de détailler ce que seraient ces mesures, M. Price a vaguement évoqué la possibilité d'un "accord dans le domaine de l'action à court terme - fixer des échéances et être en mesure de les tenir d'ici à la réunion suivante".
Le secrétaire adjoint au Trésor Dave McCormick a parlé de mesures fiscales, des moyens d'améliorer la réponse à la crise de la part des grandes institutions financières, de coordination des politiques monétaires, sans signifier clairement s'il se référait à des mesures déjà prises ou à venir.
Quant aux principes de réforme qui feraient l'objet de réunions ultérieures, MM. Price et McCormick ont souligné la nécessité de combattre l'opacité des produits et des services financiers, ils ont prédit des discussions sur les agences de notation financière, la lutte contre la manipulation des marchés, les contrats d'assurance contre la défaillance d'un emprunteur ("Credit default swaps"), la convergence des réglementations nationales, la mission future des institutions financières internationales.
M. Price s'est cependant opposé à l'instauration d'un régulateur mondial unique.
Mais, interrogé sur les positions prises par M. Sarkozy ou le Premier ministre britannique Gordon Brown, il a affirmé qu'il y avait "beaucoup plus de terrain d'entente entre les pays qui seront autour de la table que ne le suggère la rhétorique".
La transition que connaissent les Etats-Unis devrait compliquer la tâche.
Le sommet se tiendra alors que M. Bush, toujours en poste, court le risque d'engager son successeur Barack Obama.
M. Price a dit escompter que la prochaine réunion ait lieu au premier trimestre 2009, donc peut-être après la passation de pouvoirs du 20 janvier. Il a souligné la coopération étroite entre les deux équipes en prévision de ce sommet.
M. Obama ne participera pas. Mais il a nommé mercredi l'ex-secrétaire d'Etat Madeleine Albright et un ancien éminent parlementaire républicain Jim Leach comme ses représentants pour ce sommet. D'après un communiqué, ils auront surtout pour mission "d'écouter" ce qu'auraient à leur dire les délégations étrangères. "Il n'y a qu'un président à la fois", a-t-on dit aussi bien du côté de M. Bush que du côté de M. Obama.