Les prix du pétrole ont perdu plus de 3 dollars mardi à New York, après deux séances de petite hausse, pénalisés par la chute des marchés financiers et l'inquiétude des investisseurs pour l'économie mondiale.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre a fini à 59,33 dollars, en baisse de 3,08 dollars par rapport à la clôture de lundi.
A Londres, le baril de brent de la mer du Nord à échéance identique a de son côté cédé 3,37 dollars à 55,71 dollars.
Le baril de "light sweet crude" est tombé à 58,32 dollars, un niveau inédit depuis le 21 mars 2007. Peu auparavant, le baril de Brent a renoué avec un niveau de prix plus atteint depuis le 30 janvier 2007, à 54,92 dollars.
Par rapport à leurs records du 11 juillet (147,50 dollars à Londres, 147,27 à New York), les cours du pétrole ont perdu plus de 60% de leur valeur.
"Le baril a passé un niveau psychologique important", a constaté Antoine Halff, de Newedge Group.
"L'enthousiasme du marché qui a fait suite aux mesures prises par le gouvernement chinois (pour relancer l'économie du pays, ndlr) s'estompe. De plus, le marché a tendance à traiter en phase avec la Bourse", a ajouté l'analyste.
Les places boursières ont enregistré une nouvelle déroute en Europe, et Wall Street était encore en nette baisse au moment de la clôture du marché du pétrole.
Les investisseurs s'inquiètent pour la demande de pétrole dans une économie mondiale qui ralentit fortement.
Ces inquiétudes devraient se concrétiser dans le rapport hebdomadaire du département américain à l'Energie publié mercredi, qui selon les attentes des analystes devrait une nouvelle fois montrer des réserves de produits pétroliers en hausse.
Les prix "continueront d'être sous pression dans les prochains mois, probablement 6 à 8 mois. Cela va de concert avec les marchés boursiers, qui seront sous pression jusqu'à ce qu'une solution à la crise du crédit soit trouvée, ou que le marché ait l'impression que la crise va être résolue", a souligné de son côté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
Le marché reste animé par des forces opposées. Du côté de l'offre, certains analystes s'inquiètent de ce que des prix faibles ne retardent les investissements nécessaires pour assurer une production suffisante à plus long terme.
Un autre rapport attendu mercredi est celui de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur ses prévisions à long terme, dont le contenu, très haussier, a déjà été révélé la semaine dernière. L'AIE table sur une moyenne de 100 dollars le baril pour le prix du pétrole sur la période 2008-2015, hors inflation.
Ces prévisions haussières devraient contraster avec le rapport du mois de novembre à paraître jeudi, qui devrait constater la contraction de la demande dans les pays industrialisés.
Plusieurs éléments appuient en faveur d'une hausse des prix, même si celle-ci ne s'est pas concrétisée.
Dans le contexte actuel, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a haussé le ton et pourrait décider d'une nouvelle réduction de la production d'or noir.
De plus, les risques politiques persistent, a souligné Antoine Halff. Au Nigeria, des individus armés ont attaqué lundi un important complexe pétrolier et gazier au large du sud de ce pays richement doté en hydrocarbures, mais ont été repoussés par des militaires.