L'inflation a atteint son niveau le plus bas depuis 17 mois en octobre en Chine, laissant augurer un nouvel assouplissement de la politique monétaire du gouvernement au moment où celui-ci a engagé des efforts exceptionnels pour stimuler la croissance.
Après six mois de ralentissement consécutifs, l'indice des prix à la consommation a enregistré le mois passé une hausse de 4,0% en glissement annuel, après 4,6% en septembre, a annoncé mardi le Bureau national des statistiques.
Un chiffre loin des +8,7% enregistrés en février dernier, qui avaient constitué un plus haut en près de douze ans.
"La tendance à la baisse de l'inflation a permis au gouvernement de prendre des mesures monétaires et fiscales sans alimenter les hausses des prix à la consommation", constate Jing Ulrich de JP Morgan dans une note.
La poursuite de cette tendance "donne la la Banque centrale le feu vert pour baisser les taux d'intérêts dans les prochains mois, et aider au soutien de l'économie en ralentissement", a aussi estimé Sherman Shan de Moody's Economy.com.
Hu Yuexiao, un économiste de Shanghai Securities qui redoute désormais "des risques de déflation dès 2009", estime absolument "nécessaire de mener une politique monétaire souple". Il prévoit une baisse des taux d'intérêt, de 27 points de base, et du taux de réserve obligatoire des banques, de 50 points de base, peut-être dès la publication par la Banque centrale des chiffres de la masse monétaire, généralement annoncés en milieu de mois.
Il s'agirait de la quatrième baisse des taux d'intérêts depuis septembre, à rebours de la politique de strict contrôle monétaire observée ces dernières années.
Car la Chine s'inquiète de plus en plus de l'impact sur son économie de la crise internationale, lui attribuant déjà partiellement le ralentissement de la hausse de son produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre, à +9,0% sur un an. Cette décélération a fait passer la croissance sous la barre des 10% (+9,9%) entre janvier et septembre, contre 12,2% sur la même période de 2007.
En revanche, l'excédent commercial de la Chine a enregistré un nouveau record mensuel en octobre avec 35,2 milliards de dollars, ont annoncé les Douanes mardi. Selon Sherman Shan, le ralentissement de l'économie, apportant moins de demande et moins d'emplois, poussant déjà "des travailleurs à consentir à des réductions de salaire et peut-être des commerçants à baisser leurs prix", a d'ailleurs "pu jouer un rôle dans la maîtrise de l'inflation".
L'apaisement sur ce front apporte plus de latitude au gouvernement pour stimuler l'économie, une tâche revenue au premier plan des préoccupations officielles.
"Le passage décisif des priorités des autorités de la lutte contre l'inflation à la stimulation de la croissance est démontré par le plan sans précédent de stimulation de l'économie de quelque 4.000 milliards de yuans (455 milliards d'euros)", a souligné Jing Ulrich.
Annoncé dimanche, ce plan prévoit au cours des deux prochaines années des réductions fiscales et investissements massifs dont certains toutefois ont déjà été annoncés. Bon nombre d'analystes y incluent ainsi l'argent de la reconstruction du Sichuan dévasté par le séisme du 12 mai ou de projets ferroviaires programmés de longue date et révisés.
Il n'en a pas moins été favorablement accueilli en Chine comme à l'étranger, démontrant la volonté de la Chine de défendre bec et ongles sa croissance à deux chiffres et de rester une locomotive économique pour la planète.
C'est que "la ligne rouge pour la croissance chinoise est estimée à 8-9% (...), un rythme nécessaire pour absorber l'urbanisation, prévenir la hausse du chômage et l'instabilité sociale", explique Patrick Bennet, analyste de la Société générale à Hong Kong.