La Banque d'Angleterre (BoE) a frappé fort en baissant jeudi de un point et demi de pourcentage, à 3%, son taux d'intérêt directeur, le ramenant au plus bas depuis plus d'un demi-siècle pour soutenir une économie qui s'installe en récession, prenant par surprise les économistes.
"On a observé une dégradation très marquée des perspectives économiques pour l'économie nationale et mondiale", justifie l'institution dans le communiqué annonçant cette décision, soulignant par ailleurs que les pressions inflationnistes s'étaient "substantiellement" réduites.
Une baisse d'une telle ampleur n'avait pas eu lieu depuis 1981, alors que le Royaume-Uni était plongé dans une grave récession durant les premières années du gouvernement de Margaret Thatcher.
Les taux d'intêret sont dorénavant au plus bas depuis plus d'un demi-siècle (1955).
Les économistes tablaient sur une baisse d'un point entier au mieux.
"La décision de la Banque d'Angleterre de diminuer ses taux d'intérêt de 1,5 point a été une mesure particulièrement audacieuse", commente Howard Archer, du cabinet IHS Global Insight.
Ce geste est pour lui "entièrement justifié sachant que l'économie, déjà très affaiblie, a souffert clairement d'une rechute sévère récemment et s'expose maintenant au danger de souffrir d'une récession profonde et prolongée", a-t-il ajouté.
Sur le front de l'inflation, "les preuves de plus en plus nombreuses que les pressions inflationnistes se réduisent de façon importante ont donné au Comité monétaire la marge pour une action agressive", ajoute M. Archer.
La BoE a ainsi rejoint la cohorte des banques centrales ayant récemment assoupli leur politique monétaire: en un mois, la Réserve fédérale américaine a baissé ses taux de 1 point de pourcentage (à 1%), la banque centrale australienne de 0,75 point (à 5,25%) et même le Japon, qui disposait d'une étroite marge de manoeuvre, les a réduits, de 0,20 point (à 0,30%).