Les banques privées Itau, numéro deux du Brésil, et Unibanco, numéro quatre, ont annoncé lundi leur fusion pour former le plus grand groupe bancaire d'Amérique latine, un mariage accéléré par la crise financière internationale.
La fusion donnera naissance à la "Itau Unibanco Holding S.A" dont les actifs se monteront à 575 milliards de reals (268 milliards de dollars) et le capital à plus de 50 milliards de reals (23 milliards de dollars), ce qui en fait le premier groupe bancaire du continent latino-américain et le 17ème du monde, selon les deux banques.
Lors d'une conférence de presse conjointe, l'actuel président d'Unibanco, Pedro Moreira Salles, qui présidera le conseil d'administration de la holding et Roberto Egydio Setubal, actuel président d'Itau, qui en sera le président exécutif, ont exprimé l'ambition de devenir "un acteur global" d'ici à cinq ans.
Ils ont d'autre part assuré que "toutes les agences bancaires seraient maintenues".
"Il n'y aura pas de plan de licenciement", a assuré Moreira Salles.
Itau Unibanco Holding S.A comptera environ 4.800 agences, soit 18% du réseau bancaire brésilien et 14,5 millions de clients (de compte courant) soit également 18% du marché. A elles deux, les banques emploient près de cent mille personnes.
La fusion se fait sur la base de 1,73 action d'Unibanco pour une action d'Itau.
A la suite de l'annonce de ce mariage, peu avant l'ouverture de la Bourse de Sao Paulo, l'action d'Itau avec droit de vote s'est envolée de près de 20% et celle d'Unibanco de 14%, avant de retomber respectivement à +16,36% et +8,95% à la clôture. La fusion a tiré la première place financière d'Amérique latine à la hausse (+2,66%).
Les négociations, qui avaient commencé au lendemain de la crise des "subprime" aux Etats-Unis, duraient depuis quinze mois. La fusion a été décidée dimanche soir alors que les rumeurs s'intensifiaient sur l'engagement d'Unibanco auprès du géant américain de l'assurance AIG qui a échappé à la faillite le mois dernier en étant quasi-nationalisé.
La montée en puissance de la banque privée espagnole Santander, numéro trois au Brésil, a aussi accéléré la décision d'Itau et Unibanco de se marier, selon les analystes.
"Ce sont deux banques traditionnelles, solides et avec un rôle important pour l'activité économique. C'est pourquoi je pense qu'il est important qu'elles s'unissent en ce moment pour continuer à libérer du crédit, ce qui est leur rôle", a déclaré le ministre des Finances Guido Mantega.
Le volume de crédit représentera 19% du marché brésilien, "soit 225 milliards de reals (105 milliards de dollars), a déclaré M. Setubal.
Le nouveau groupe bancaire s'est engagé à devenir un partenaire privilégié pour le développement des entreprises brésiliennes, au Brésil et à l'étranger, selon les deux dirigeants.
"Le groupe naît déjà avec une vocation mondiale. Unibanco avait une présence à l'étranger, mais c'est surtout Itau qui a des opérations en Argentine, en Uruguay, en Chine et au Japon", a déclaré au groupe de presse O Globo, l'ancien ministre des Finances Pedro Malan, qui fait partie du groupe Unibanco.
Unibanco avait reçu des offres de plusieurs groupes, comme Santander et Citibank, mais a finalement "choisi de fusionner avec un autre groupe brésilien avec qui il peut partager des valeurs, des affinités et des objectifs", selon Malan.