
La Hongrie, frappée de plein fouet par la crise financière internationale, a été placée sous perfusion par l'Union européenne et les institutions financières internationales et devra mettre en oeuvre un budget d'austérité avec une réduction du train de vie de l'Etat.
Le Fonds monétaire international (FMI) a accordé mardi à la Hongrie 12,5 milliards d'euros de prêts, suivi par l'UE qui a débloqué 6,5 milliards d'euros et la Banque mondiale avec un milliard d'euros.
Auparavant, la Banque centrale européenne (BCE) avait promis à la mi-octobre un prêt de 5 milliards d'euros à Budapest pour l'aider à surmonter ses problèmes de liquidités des banques. Ce prêt a été le premier dans l'histoire de la BCE attribué à un pays non membre de la zone euro.
La perfusion financière intervient après le plongeon de la devise magyare de 20% par rapport à l'euro en octobre, tombée samedi à 285 forints pour un euro, et la dégringolade de la Bourse de Budapest dont l'indice BUX a perdu plus de la moitié de sa valeur.

Le forint est remonté mercredi en début d'après-midi à 255,56 forints pour un euro et le BUX s'est nettement raffermi gagnant plus de 12%.
Le président de la Banque centrale Andras Simor a précisé lors d'une conférence de presse à Budapest qu'il s'agit d'un crédit mis à la disposition de la Hongrie jusqu'en mars 2010 et que le remboursement devra se faire sous une période de trois à cinq ans.
Utiliser ce crédit sera une décision commune de la Banque centrale et du gouvernement, et le cas échéant, "les fonds arriveront sur le compte de la Banque centrale et augmenteront les réserves en devises étrangères de la Hongrie", a indiqué M. Simor.
Dès mardi, le Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany, à la tête d'un gouvernement minoritaire, avait souligné qu'il voulait "écarter le risque de la banqueroute de l'Etat même sous le pire scénario d'évolution de la crise financière" internationale. Il devait préciser les mesures qu'il entendait prendre dans la soirée à la télévision.
Un premier plan d'austérité lancé par le Premier ministre avait permis de ramener le déficit budgétaire de 9,2% du PIB en 2006 à 5% en 2007 et le gouvernement prévoit 2,6% pour 2009.
Pour l'analyste de la banque K&H György Barcza, "outre une démonstration de solidarité au sein de l'UE, les prêts pour la Hongrie signifient que les institutions financières ne laisseraient en aucun cas se développer un scénario de dominos" dans la région.
Selon lui, le prêt du FMI et celui de la BCE suffisent à financer l'échéance à court terme de la dette extérieure du pays (32 milliards d'euros) alors que l'endettement public total est de plus de 60% du Produit intérieur brut (PIB). "80% des banques hongroises sont des filiales de banques allemandes et autrichiennes et elles ne peuvent se permettre que la crise se propagent aux maisons mères", a-t-il ajouté.
Ferenc Gyurcsany avait annoncé mardi une récession probable de l'économie, envisageant un recul de 1% de la croissance en 2009, et suggéré une première série d'économies comme le gel des salaires et le non-versement du 13e mois dans la fonction publique en 2009. Une réforme fiscale ainsi que celle des retraites sont également envisagées.
Les syndicats voient dans ce plan d'austérité "une rupture du pacte social" en vigueur pour 2008 et ont réclamé des négociations "urgentes" avec le gouvernement.