Les annonces sur l'emploi du président Sarkozy sont des "mesurettes disparates" qui signent sur le fond "le grand retour du traitement social du chômage", estime Jacques Freyssinet, président du conseil scientifique du Centre d'études sur l'emploi (CEE) dans un entretien au Monde daté de mercredi.
"Dans la pensée économique libérale, les emplois aidés sont des emplois artificiels qui ne répondent pas à des demandes validées par le marché", rappelle M. Freyssinet.
Mais, souligne-t-il, "Nicolas Sarkozy fait comme ses prédécesseurs : en période de montée du chômage, depuis la fin des années 1970, depuis le plan Barre en 1978, chaque gouvernement recourt aux emplois aidés puisqu'il s'agit de la mesure produisant les effets les plus rapides".
"Sur le fond, c'est le grand retour du traitement social du chômage avec le recours accru aux contrats aidés" et si "elle coûte au budget de l'Etat", cette politique "reste la façon la plus rapide de réduire le nombre de chômeurs", ajoute-t-il.
Au passage, l'expert rappelle que Jean-Pierre Raffarin avait réduit "drastiquement" les contrats aidés.
Selon lui, l'extension du contrat de transition professionnelle (CTP) risque "seulement de modifier la place de certaines catégories de chômeurs dans la file d'attente sur le marché du travail", mais ce dispositif a quand même le mérite de "réduire les inégalités".
Evoquant la pression mise par le chef de l'Etat sur les syndicats et le patronat qui négocient en ce moment sur la formation professionnelle et l'assurance chômage, il souligne que "l'intervention de l'Etat dans le champ de la négociation n'a jamais été aussi forte" et que le président Sarkozy "cherche une légitimation de sa politique par des accords".
"Sa stratégie est délicate, mais pas maladroite", estime-t-il.