Dim, l'une des marques les plus emblématiques de l'industrie textile française, va arrêter début 2009 sa production de lingerie à Autun (Saone et Loire) pour la "regrouper" en Roumanie, un projet qui, a assuré vendredi la direction de l'entreprise, se fera sans licenciement.
Le fabriquant de lingerie et de collants "va arrêter l'activité lingerie" de son site historique d'Autun et les 86 personnes employées dans ce secteur seront redéployées sur le site, a précisé le porte-parole du groupe.
Pour les salariés, la "pilule est amère", a déclaré à l'AFP Frédéric Besacier, délégué CFE-CGC, confirmant l'annonce de cette délocalisation "faite en CCE (comité central d'entreprise) le 1er octobre dernier".
Elle est d'autant plus amère que deux semaines plus tôt la direction fêtait en grande pompe les 50 ans de la célèbre marque, un demi-siècle après la naissance à Autun, en 1958, des premiers bas sans couture Dim.
Pour l'occasion, un Boulevard de la cité morvandelle a été rebaptisé du nom du créateur de la marque, Bernard Gilberstein. Et des centaines d'anciens salariés étaient venus à l'exposition Dim, comme au temps où 5.000 d'entre eux y étaient employés.
"Aujourd'hui il n'en reste que 950 et avec cette succession de plans sociaux, nous n'arriverons pas au centenaire", a ironisé M. Besacier.
Pour Geneviève Brochot, secrétaire CFDT du secteur habillement et ex-salariée de Dim, victime du dernier plan social de mai 2006 (404 suppressions de postes), cette délocalisation "n'est pas une surprise". "Les nouvelles marques de soutien-gorges (Cosmos) se fabriquent déjà en Roumanie depuis deux ans, tout comme les slips bien avant", a-t-elle déclaré.
En revanche elle se dit inquiète pour les reclassements internes, "alors que ceux de 2006 ne le sont pas encore tous", selon la syndicaliste.
Selon Fioravanti Rizza (CGT), un "groupe de travail avec la direction et l'ensemble des syndicats a été créé, afin de cibler les postes" de reclassement. Toutefois plus de trois semaines après l'annonce, les syndicats sont toujours dans l'expectative.
"Avec ces successions de plans sociaux, les gars sont tellement résignés qu'on a du mal à repartir au combat", a affirmé Frédéric Besacier.
Et cela d'autant que les salariés concernés "avaient déjà été reclassés au sein de cette unité de production", a-t-il ajouté.
L'arrêt de la production de lingerie pourrait "raisonnablement" intervenir début 2009, a précisé un porte-parole de Dim.
Dim emploie 1.000 personnes sur le site de production d'Autun et 800 dans ses bureaux de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). L'entreprise a réalisé en 2007 un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros.
C'est une marque du groupe DBApparel, lui-même détenu par le fonds américain Sun Capital Partners qui possède d'autres marques de lingerie comme Playtex ou Wonderbra.