Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a défendu mercredi sa décision controversée de laisser Lehman Brothers faire faillite, estimant que la banque d'affaires ne pouvait pas être sauvée.
"Nous n'avions pas les pouvoirs" nécessaires, a souligné M. Paulson, dans une longue interview au New York Times, diffusée sur le site internet du quotidien.
De par la loi, la banque centrale américaine ne pouvait renflouer Lehman Brothers que si celle-ci disposait d'assez d'actifs à apporter en garantie lors de l'octroi d'un prêt, ce qui n'était pas le cas, a-t-il fait valoir. "Si quelqu'un pense que Hank (diminutif d'Henry) Paulson aurait pu faire en sorte que la Fed sauve Lehman Brothers, la response est: +pas du tout+", a ajouté le ministre américain.
Plusieurs responsables européens, en premier lieu la ministre française de l'Economie Christine Lagarde, ont fait remarquer que l'intensification récente de la crise financière avait coïncidé avec la chute de la troisième banque d'affaires de Wall Street. M. Paulson affirme avoir donné instruction aux dirigeants de Lehman de rechercher "avec détermination" un repreneur.
Mais des banquiers anonymes cités par le New York Times soulignent ne pas avoir le souvenir que M. Paulson ait évoqué devant eux le problème de la mauvaise qualité des actifs détenus par Lehman Brothers.
Au lendemain du dépôt de bilan de Lehman Brothers, les autorités américaines ont consenti un prêt relais de 85 milliards de dollars à l'assureur AIG pour lui éviter de subir le même sort. "Je me sentais comme Butch Cassidy et le Kid", s'est défendu M. Paulson, en référence à la dernière réplique des célèbres gangsters du début du 20e siècle. "Qui sont ces types qui ne cessent de me tomber dessus ?".