Les prix du pétrole ont de nouveau dégringolé mercredi à New York, plombés par les craintes d'un effondrement de la demande mondiale, confortées par l'annonce d'une forte hausse des stocks pétroliers aux Etats-Unis, à deux jours d'une réunion cruciale de l'Opep.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre a fini à 66,75 dollars, en baisse de 5,43 dollars par rapport à la clôture de mardi.
Il est tombé en séance à 66,20 dollars, un niveau plus vu depuis le 14 juin 2007.
A Londres, le baril de brent de la mer du Nord à échéance identique a perdu 5,20 dollars à 64,52 dollars.
Il est passé sous les 65 dollars, touchant 63,96 dollars, un plus bas depuis le 7 mai 2007.
Les participants "sont inquiets de voir la demande chuter, vu que les Etats-Unis et l'Europe vont probablement subir une détérioration de l'économie plus profonde qu'attendu", a expliqué Bart Melek, de BMO Capital Markets.
Alimentant ces craintes, le rapport hebdomadaire du département américain à l'Energie (DoE) a montré que "la demande s'effondre aux Etats-Unis", a ajouté l'analyste.
Sur les quatre dernières semaines, les Américains ont en effet consommé 18,7 millions de barils par jour de produits pétroliers, en baisse de 8,5% comparé à un an plus tôt.
Et les stocks de produits pétroliers ont progressé bien plus que prévu l'an dernier aux Etats-Unis: +3,2 millions de barils pour ceux de brut, +2,7 millions pour ceux d'essence. Les produits distillés, particulièrement observés à l'approche de l'hiver, synonyme d'augmentation de la consommation de fioul de chauffage, ont augmenté de 2,2 millions de barils.
"Ces chiffres sont plus élevés que ceux attendus", a réagi Thierry Lefrançois, de Natixis.
D'autant que les raffineries, dont l'activité avait été perturbée en septembre par le passage des ouragans Gustav et Ike dans le sud des Etats-Unis, fonctionnent désormais à 84,8% de leurs capacités, "un niveau inutile vu la situation actuelle", selon l'analyste.
"Le renforcement du dollar contribue au mouvement, mais les fondamentaux du pétrole se détériorent", a résumé M. Lefrançois.
Le dollar a nettement progressé face à l'euro, qui est tombé sous 1,28 dollar pour la première fois depuis deux ans. Un renchérissement de la monnaie américaine rend les matières premières, libellées en dollar, moins attractives pour les investisseurs munis d'autres devises.
"Notre scénario pour le pétrole est une nouvelle fois remis en cause par la chute de la consommation, la hausse des stocks pétroliers et l'incapacité de l'Opep à faire face à la situation dans un contexte de récession", a ajouté l'analyste.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole tient une réunion d'urgence vendredi pour tenter d'enrayer la chute des cours, le baril ayant perdu plus de la moitié de sa valeur depuis juillet.
A son arrivée dans la capitale autrichienne, le président du cartel, l'Algérien Chakib Khelil, a affirmé qu'une baisse de production de pétrole devrait ménager les intérêts des pays producteurs mais aussi des consommateurs, touchés par la crise financière.