Les prix du pétrole sont repartis à la baisse mardi à New York, les investisseurs s'interrogeant sur l'effet réel d'une baisse de la production, promise par certains membres de l'Opep, sur un marché focalisé sur le ralentissement de la demande.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en novembre, dont c'était le dernier jour de cotation, a fini à 70,89 dollars, en baisse de 3,36 dollars par rapport à la clôture de lundi.
A Londres, le baril de brent pour livraison en décembre a perdu 2,31 dollars, à 69,72 dollars.
Les cours avaient rebondi de 4 dollars sur les deux dernières séances, le marché anticipant une réduction significative de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui va se réunir en urgence vendredi à Vienne.
Mais ils ont "abandonné la plus grande partie de leurs gains, alors que les intervenants réagissent à ce qui ressemblent à une résistance de la part des Saoudiens à une baisse de la production", a expliqué John Kilduff, de MF Global.
Contrairement à d'autres membres, qui ont promis une baisse significative de la production, l'Arabie saoudite, chef de file de facto du cartel, n'a toujours pas fait connaître sa position.
Le ministre algérien de l'Energie et président en exercice de l'Opep, Chakib Khelil, a déclaré qu'il y aurait "une baisse de la production", qui doit être "importante". Le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein, a même estimé que le cartel devait réduire sa production de 2 à 2,5 millions de barils par jour pour stabiliser le marché.
Le baril de brut a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis les sommets atteints en juillet, à 147 dollars.
Mais pour l'Opep, réduire la production revient à "vendre moins de pétrole pour moins d'argent", a souligné M. Fitzpatrick.
D'autant que les revenus pétroliers sont vitaux pour les budgets de certains pays, comme l'Iran et le Venezuela, relève l'analyste.
"La capacité de l'Opep a contrôler les prix pourrait se révéler affectée si la crise financière s'étend aux pays en développement, notamment la Chine", a-t-il ajouté.
Signe que la Chine, considérée comme le moteur de la demande mondiale de pétrole, commence à ressentir les effets de la crise, la croissance de son économie, à deux chiffres depuis cinq ans, est passée sous la barre des 10% en rythme annuel sur les trois premiers trimestres de 2008.
Aux Etats-Unis et en Europe, au bord de la récession, la consommation de produits pétroliers s'affiche déjà en net recul.
"Les facteurs baissiers pour la demande --le ralentissement de l'économie mondiale et la crise du crédit-- vont durer", a estimé Antoine Halff, de Newedge Group.
"Pour l'essentiel, la destruction de la demande dans les pays développés, et peut-être aussi dans les autres, pourrait se révéler permanente", a ajouté l'analyste.
Le département américain à l'Energie doit publier mercredi à 14H30 GMT son rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers, qui devrait montrer une nouvelle hausse des réserves, selon les analystes.
Les chiffres de la consommations des Américains seront de nouveau particulièrement observés: ils ont montré la semaine dernière une chute de près de 9% sur les quatre dernières semaines par rapport à l'année dernière, soit une baisse de près de 2 millions de barils par jour.
Ce chiffre est jugé particulièrement élevé alors que les prix, eux sont retombés. A la pompe, le prix moyen de l'essence ordinaire est repassé sous les 3 dollars le gallon (3,78 litres) pour la première fois depuis février, contre un sommet à plus de 4 dollars en juillet.