Les prix du baril de pétrole ont de nouveau chuté jeudi à New York, tombant sous les 70 dollars pour la première fois depuis août 2007, après l'annonce d'une forte hausse des stocks pétroliers aux Etats-Unis la semaine dernière.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en novembre a fini à 69,85 dollars, en baisse de 4,69 dollars par rapport à la clôture de mercredi.
A Londres, le baril de brent à échéance identique a perdu 4,48 dollars, à 66,32 dollars. Il est tombé pendant la séance à 68,57 dollars à New York et à 65,45 dollars à Londres.
Après avoir perdu 4 dollars mercredi, les cours ont replongé après la publication du rapport hebdomadaire du département américain à l'Energie (DoE), qui ont révélé une progression spectaculaire des stocks pétroliers la semaine dernière.
Les stocks de brut se sont étoffés de 5,6 millions de barils (mb) la semaine dernière et les stocks d'essence ont bondi de 7 mb, des chiffres dépassant largement les attentes des analystes.
Seules les réserves de produits distillés (gazole et fioul de chauffage) ont reculé, de 500.000 barils.
Le recul de la demande s'est par ailleurs confirmé: sur les quatre dernières semaines, les Américains ont consommé en moyenne 18,6 millions de barils par jour de produits pétroliers, en baisse de 8,9% comparé à un an plus tôt.
La consommation d'essence a notamment fléchi de 5,2%, alors même que les prix à la pompe sont tombés la semaine dernière à 3,15 dollars en moyenne le gallon (3,78 litres) contre un sommet 4,11 dollars en juillet.
"Les stocks sont largement alimentés", a réagi Thierry Lefrançois, de Natixis.
"Tant que le dollar ne donne pas de signe de faiblesse et que l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr) ne réagit pas, les prix vont continuer à glisser", a-t-il pronostiqué.
Face à la dégringolade des prix, qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur en trois mois et demi, l'Opep a annoncé qu'elle avançait d'un mois sa réunion d'urgence prévue le 18 novembre: celle-ci aura lieu le 24 octobre à Vienne.
Le cartel "fait face aux réalités de prix du pétrole qui plongent et de la prise de conscience que l'économie mondiale est déjà en récession", ont commenté les analystes de JPMorgan.
Pour M. Lefrançois, il doit réduire sa production de 1,5 à 2 millions de barils par jour pour enrayer la chute des cours.
Les craintes d'un essoufflement général de la consommation d'or noir sous l'effet du ralentissement économique, à l'image du phénomène observé aux Etats-Unis, ont continué de peser sur les cours.
Alimentant cette idée, la production industrielle aux Etats-Unis a accusé en septembre son plus fort recul en plus de trente ans.
"Les actions, les matières premières et même l'or (considéré comme une valeur refuge) ont baissé hier (mercredi, ndlr) alors que le dollar progressait, une indication claire que les investisseurs se tournent vers les liquidités", a estimé Mike Fitzpatrick, de MF Global.