Les mauvaises nouvelles s'accumulent chaque jour davantage pour l'économie américaine, dont tous les indicateurs confirment l'entrée en récession, la seule note positive venant du ralentissement de l'inflation qui devrait renforcer la marge de manoeuvre de la banque centrale.
Selon les données publiées jeudi, la production industrielle des Etats-Unis a chuté de 2,8% en septembre enregistrant sa plus forte baisse depuis décembre 1974.
Même si ce recul résulte en quasi-totalité des dégâts causés par les ouragans dans le sud du pays entre la fin août et début septembre et de la grève des mécaniciens qui paralyse l'avionneur Boeing depuis début septembre, la tendance de la production est clairement à la baisse: elle n'a augmenté qu'une seule fois depuis le début de l'année (en juin, de 0,1%).
Pour l'ensemble du troisième trimestre, la production industrielle a ainsi baissé de 6% en rythme annuel, selon la Réserve fédérale (Fed).
Et la contraction devrait continuer: l'indicateur de l'activité industrielle de la région de Philadelphie (Nord-Est des Etats-Unis) pour octobre publié jeudi a plongé à -37,5, enregistrant la plus forte baisse mensuelle de son histoire. La veille, celui de la région de New York était tombé à son plus bas niveau historique.
L'économie américaine a beau être essentiellement une économie de services, le recul de la production industrielle est un nouvel indice montrant que le relais apporté au premier semestre par les exportations des Etats-Unis à la croissance du PIB est en train de caler.
La consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance américaine, est elle déjà au point mort, et le vice-président de la Fed, Donald Kohn, estime désormais qu'elle pourrait avoir reculé au troisième trimestre, ce qui marquerait selon lui une première baisse trimestrielle depuis 1971.
La crise financière a donc gagné l'économie réelle. Le nombre de chômeurs indemnisés ne cesse d'augmenter et est à son plus haut niveau depuis juin 2003, selon les chiffres publiés jeudi, faisant craindre une baisse plus forte de la consommation qui nourrirait un cercle vicieux.
La reprise de l'économie américaine n'est pas pour "tout de suite", a averti mercredi le président de la Fed, Ben Bernanke. M. Kohn a estimé pour sa part que l'état de l'économie ne devrait pas s'améliorer avant "fin 2009", se montrant plus pessimiste que le Fonds monétaire international (FMI) qui table sur une stabilisation au deuxième trimestre de 2009.
Beaucoup dépendra de la réussite du plan de sauvetage des banques, qui prévoit une intervention de l'Etat à hauteur de 700 milliards de dollars, dont 250 milliards pour prendre des participations dans les institutions financières.
La seule bonne nouvelle semblait venir jeudi de l'inflation. Septembre a confirmé sa modération, en bonne partie grâce au recul des prix du pétrole: l'indice des prix à la consommation est resté stable par rapport au mois précédent et a fortement ralenti en glissement annuel (+4,9%, après 5,4% en août).
Pour Jim Dorsey, économiste de Global Insight, "la disparition rapide de la menace de l'inflation donne à la Réserve fédérale toute latitude pour réduire ses taux afin de combattre la récession et la crise financière qui continue", dit-il.
La Réserve fédérale américaine a abaissé son taux directeur par huit fois depuis l'été 2007. Celui-ci est tombé à 1,5%, et nombre d'analystes estiment qu'il pourrait bientôt passer à 1,0%, peut-être avant la fin de l'année.
Mais, comme pour modérer leurs espoirs, M. Bernanke a estimé mercredi que la politique monétaire ne pouvait pas résoudre tous les problèmes à elle seule.