Le gouvernement américain a finalement annoncé mardi toute une série de mesures concrètes pour sortir le système financier américain de l'ornière, y compris l'entrée inédite de l'Etat au capital de banques, dont les neuf plus grandes, après des semaines de tergiversation.
"Ces mesures ne sont pas destinées à prendre le contrôle de l'économie de marché, mais à la préserver", a déclaré le président américain George W. Bush lors d'une intervention télévisée à la Maison Blanche. "Chacun de ces nouveaux programmes comprend des clauses de sauvegarde afin de protéger l'argent du contribuable. Le rôle de l'Etat sera limité et temporaire", a-t-il ajouté.
M. Bush a indiqué que son administration allait utiliser une partie du plan de sauvetage de 700 milliards de dollars pour "injecter du capital dans les banques via l'achat d'actions".
Le secrétaire au Trésor Henry Paulson a précisé peu après que 250 milliards seront consacrés à cet effet et que neuf grandes institutions avaient accepté que l'Etat prennent une participation à leur capital.
Cette entrée de l'Etat se fera sous la forme d'actions préférentielles, selon M. Paulson, qui a précisé qu'en contrepartie, ces institutions devront accepter des restrictions de "rémunération de leurs cadres supérieurs".
Les neuf grandes banques concernées sont Citigroup, JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Goldman Sachs et Morgan Stanley, Merrill Lynch, Bank Of New York Mellon et State Street. Ces neuf géants vont absorber 125 milliards de dollars, soit la moitié du plan consacré à l'injection de capital dans les banques.
M. Bush a ajouté que les nouveaux emprunts obligataires émis par les banques seraient garantis "immédiatement", mais pour une durée limitée.
L'organisme fédéral d'assurance des dépôts bancaires (FDIC) a précisé que cette garantie concernerait les dépôts bancaires qui ne rapportent pas d'intérêt. La garantie des nouvelles dettes prioritaires des banques (nouveaux emprunts) portera sur une durée de trois ans (jusqu'au 30 juin 2012) et concernera les emprunts émis d'ici au 30 juin 2009.
Selon M. Bush, la Fed va en outre rapidement agir en tant qu'acheteur de dernier ressort pour les effets commerciaux des entreprises pour leurs opérations quotidiennes afin d'éviter une propagation de la crise financière à l'économie réelle.
Le président de la Fed, Ben Bernanke, a estimé que ces nouvelles mesures permettraient un retour à la normale sur les marchés.
"Ces mesures vont nous permettre de rétablir un fonctionnement plus normal des marchés et d'encourager les capitaux privés à soutenir cette stimulation des marchés financiers", a écrit Ben Bernanke, dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal.
Le président de la Fed a précisé que les mesures décidées aux Etats-Unis étaient "en accord avec les principes établis par le G7".
Le week-end dernier, les pays du groupe des sept grands pays industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) ont décidé d'un plan d'action, prévoyant que les Etats membres débloquent le crédit et les marchés monétaires et empêchent toute faillite de banque importante.
Dans la foulée, les pays membres de la zone euro ont annoncé leur propre plan, qui comprend une garantie des prêts interbancaires et un recours possible à la recapitalisation des banques.
A la suite de ces annonces, la Bourse de New York a ouvert en forte hausse, le Dow Jones gagnant plus de 4% dans les premiers échanges.
Lundi, Wall Street avait effectué une remontée spectaculaire après les interventions massives des gouvernements pour rétablir la confiance: le Dow Jones a gagné 11,08%, une hausse jamais vue depuis les années 1930.