Après un rebond de courte durée en juillet, la production industrielle française a légèrement baissé en août, un repli symptomatique du coup de frein de l'investissement et qui devrait se poursuivre jusqu'au second semestre 2009, selon les économistes.
La production industrielle a baissé en août de 0,4% par rapport au mois de juillet, après avoir augmenté de 1,4% le mois précédent, a annoncé vendredi l'Insee.
La seule production manufacturière (hors énergie et industries agricoles et alimentaires) a baissé de 0,5% après une hausse de 1,6% en juillet.
"L'industrie française a limité la casse en août", estime Alexander Law, économiste chez Xerfi. Mais "la tendance reste très mauvaise", ajoute-t-il.
En août, seule la production du secteur énergétique reste en hausse de 1,3% après une hausse de 1,0% en juillet.
Tous les autres secteurs sont stables ou en baisse. Le repli est surtout marqué dans la construction, dont la production a reculé de 0,7%. "Ce mouvement est appelé à durer. La paralysie de l'immobilier et la chute des mises en chantier se traduiront par une dégradation assez nette de l'emploi et de l'activité", juge Alexander Law.
L'industrie automobile, "engluée dans une crise particulièrement grave", selon M. Law, enregistre en août une baisse de 0,4%, après avoir progressé de 4,9% en juillet.
La production de biens de consommation est quasiment stable (-0,1%).
La production de biens d'équipement est stable. La hausse dans les "bateaux, avions, trains, motos" (+1,8%) et les "équipements électriques et électroniques" (+1,1%) est contrebalancée par le repli dans les "équipements mécaniques" (-1,7%), selon l'Insee.
La production de biens intermédiaires est en baisse de 0,9% et les industries agricoles et alimentaires ont une production en baisse de 2,6% en août après avoir progressé de 1,3% en juillet.
Dans les mois à venir, le repli de l'activité va se poursuivre, à la fois dans la construction et dans le secteur manufacturier, estime Frédérique Cerisier, analyste chez BNP Paribas.
"La brutale amplification de la crise financière ces derniers jours détériore encore davantage les anticipations des agents -ménages, entreprises- qui devraient à nouveau revoir à la baisse leurs plans d'investissements et leurs intentions d'achats", poursuit-elle.
Selon elle, "aucun rétablissement durable ne semble possible avant le second semestre 2009".
"Tout indique qu'il n'y a pas de reprise à attendre d'ici la fin de l'année tant le climat des affaires s'est dégradé", juge aussi Alexander Law.
"Le plus dur reste à venir. La dégradation rapide de la conjoncture mondiale n'épargnera pas l'industrie française et il faut s'attendre à plusieurs mois chaotiques", poursuit l'économiste.