La banque centrale américaine a ouvert mardi la porte à une baisse prochaine de ses taux d'intérêt, alors que la crise financière semble de plus en plus contaminer l'économie "réelle".
Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a estimé que son institution allait devoir réexaminer le niveau de ses taux d'intérêt au vu de l'évolution récente des marchés et des perspectives de l'économie américaine.
"La combinaison des nouvelles données économiques et les récents développements financiers suggèrent que les perspectives de croissance économique se sont dégradées et que les risques pesant sur la croissance ont augmenté", a déclaré M. Bernanke dans un discours prononcé devant les économistes d'entreprise de la National Association for Business Economics.
"En même temps, les perspectives d'inflation se sont quelque peu améliorées, même si elles restent incertaines", a ajouté M. Bernanke, faisant référence à "l'instabilité extraordinaire du prix des matières premières".
"A la lumière de ces évolutions, la Réserve fédérale doit examiner si la position actuelle de sa politique reste appropriée", a-t-il ajouté.
"La prochaine décision sur les taux devrait être une baisse, que ce soit lors de la prochaine réunion du FOMC, le 29 octobre, ou dans l'intervalle", a commenté Elsa Dargent, économiste chez Natixis.
La rumeur a couru ces jours-ci avec insistance d'une baisse des taux surprise de la Fed avant la prochaine réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC) en fin de mois, peut-être dans le cas d'une action concertée avec d'autres banques centrales.
Le taux directeur de la Fed est de 2% depuis avril. Lors de sa réunion du mois d'août, le FOMC avait jugé que ce taux n'était pas "particulièrement accommodant", ce qui laissait la porte ouverte à des baisses futures.
Selon les minutes publiées mardi de la dernière réunion du FOMC, qui s'était tenue le 16 septembre, plusieurs membres de la banque centrale ont insisté sur le fait qu'une baisse des taux pourrait être nécessaire en cas de "dégradation importante des perspectives pour la croissance" aux Etats-Unis du fait de "l'intensification de la tension sur les marchés financiers".
Cette OPTION n'avait alors pas été retenue, la Fed ayant préféré le statu quo afin de se préserver une marge de manoeuvre pour être en mesure de réagir en temps utile, attendant de voir lesquels des risques pour la croissances ou des menaces d'inflation s'avéreraient les plus dangereux.
Or, le patron de la Fed juge désormais que "l'activité économique devrait être terne jusqu'à la fin de l'année et au delà".
"La période prolongée de turbulences financières que nous avons connues récemment pourrait bien prolonger la période de performances économiques faibles et accroître encore les risques pour la croissance", a-t-il relevé.
En même temps, il a aussi noté les progrès en matière d'inflation: les prix du pétrole sont retombés des sommets jusqu'où ils s'étaient hissés et les tensions ont diminué sur les prix à la consommation. Mais la Fed continuera "à surveiller de près l'évolution des prix", a-t-il rituellement ajouté.
Lors de leur réunion du 16 septembre, plusieurs membres du FOMC avaient dit leur inquiétude de voir "la dégradation du marché de l'emploi" illustrée par un chômage au plus haut depuis cinq ans (6,1%) peser encore un peu plus sur les dépenses de consommation des ménages, traditionnel moteur de l'économie.
Ces craintes pour la croissance ne peuvent que sortir renforcées par les chiffres publiés mardi par la Fed et témoignant d'une baisse en août des crédits à la consommation pour la première fois depuis 1998, alors que l'emprunt est le moteur de la consommation américaine.