La Banque centrale européenne (BCE) a de nouveau abreuvé lundi le marché monétaire en liquidités sur fonds de défaillances bancaires en Europe et promis qu'elle continuerait aussi longtemps que nécessaire.
La BCE a mis 120 milliards d'euros à la disposition des établissements dans le cadre d'une opération de refinancement spéciale d'une maturité de 38 jours. Il s'agit de prêts sur lesquelles la BCE prend un intérêt.
Elle entend ainsi améliorer l'accès des banques à des liquidités sur le marché monétaire, en voie d'assèchement. Depuis l'effondrement du système bancaire américain, les banques sont plus que jamais méfiantes, ne se prêtent quasiment plus d'argent sur le marché, et la pénurie du crédit menace.
Ces appels d'offres spéciaux seront renouvelés "au moins jusqu'après la fin de l'année", a précisé la BCE.
Quelque 210 banques ont demandé des liquidités pour un montant total de près de 142 milliards d'euros. Le taux marginal s'est élevé à 4,36% et le taux moyen à 4,88%. Le principal taux directeur de la zone euro est à 4,25%.
Cette nouvelle injection intervient alors que la crise financière a fait de nouvelles victimes en Europe: le bancassureur néerlandais Fortis a dû être renationalisé partiellement par les trois pays du Benelux, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg. La banque britannique Bradford and Bingley va également être nationalisée.
L'allemande Hypo Real Estate a échappé à la faillite grâce à un crédit de 35 milliards d'euros, garanti essentiellement par l'Etat.
La BCE a régulièrement inondé le marché monétaire depuis le déclenchement de la crise financière il y a plus d'an an, après la débâcle des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis ("subprime").
Le dépôt de bilan de la banque d'affaires Lehman Brothers, qui a entraîné l'écroulement du secteur bancaire américain, a fait ressurgir les problèmes de liquidités sur les marchés de façon particulièrement aiguë, et cela affecte aussi l'Europe. L'approche d'échéances trimestrielles n'a fait qu'augmenter les difficultés à se procurer du "cash" sur le marché.
La BCE a toujours strictement séparé ses interventions sur le marché et sa politique de taux, dont l'objectif prioritaire est la lutte contre l'inflation.
"Ce serait vraiment bienvenu si M. (Jean-Claude) Trichet reconnaissait que la crise financière commence à avoir un impact très négatif sur l'économie réelle" lors de sa conférence de presse mensuelle jeudi après la réunion du conseil des gouverneurs, estime Aurelio Maccario, économiste chez Unicredit.
"La confiance habituelle affichée en un rebond du PIB dans un futur relativement proche serait pour le moins déplacée", juge l'expert.
Les économistes estiment dans leur ensemble que la BCE devrait baisser son principal taux, actuellement à 4,25%, pour donner un coup de pouce à l'économie, mais seulement dans les premiers mois de 2009 quand l'inflation se sera assagie.