Le déficit public français, que Paris s'était engagé à réduire auprès de ses partenaires européens, restera à 2,7% du PIB en 2008 et en 2009, a annoncé vendredi le ministre du Budget Eric Woerth sur la radio RTL, quelques heures avant la présentation du projet de budget 2009.
"Dans ce contexte extraordinairement incertain, (c'est) une performance de l'Etat français qui peut être rassurante", a estimé le ministre.
Selon lui, le projet de budget prévoit en outre un creusement du déficit de l'Etat à 52 milliards d'euros, après 49 milliards environ en 2008.
La France, qui avait essuyé un avertissement de la Commission européenne juste avant de prendre la présidence de l'UE en juillet, avait annoncé qu'elle allait ramener le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) à 2,5% du PIB à la fin de l'année, après 2,7% l'an dernier, et à 2% fin 2009, pour arriver progressivement à un "déficit zéro ou presque en 2012".
Le ministre a néanmoins réaffirmé que l'objectif d'un retour à l'équilibre des finances publiques en 2012, promis par Paris à ses partenaires européens,était possible "en tenant la dépense".
Le creusement du déficit budgétaire s'explique, selon lui, par "une diminution des recettes (...) fiscales et par une augmentation très, très lourde des charges d'intérêt de la dette à cause de l'inflation".
Sans préciser sur quelle prévision de croissance le gouvernement avait bâti son budget, le ministre a simplement indiqué que la croissance pourrait repartir "à partir de 2010". La ministre des Finances Christine Lagarde a, ces derniers jours, prévu une croissance de 1% à la fois en 2008 et 2009.
L'Institut national de la statistique (Insee) a confirmé vendredi que le produit intérieur brut (PIB) de la France avait reculé - pour la première fois depuis 2002 - de 0,3% au deuxième trimestre 2008, sous l'effet notamment d'une mauvaise performance du commerce extérieur.
M. Woerth a reconnu qu'il y aurait un impact sur le chômage et le pouvoir d'achat: "vous ne pouvez pas avoir 1% de croissance et puis continuer à créer des emplois", a-t-il dit. Le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, a reconnu vendredi que les chiffres du chômage allaient être "très mauvais".
Dans un discours jeudi à Toulon (sud) sur la crise financière internationale, le président Nicolas Sarkozy a souligné que celle-ci aurait un impact "durable" sur "la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat" des Français.