Le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke a dressé mercredi devant le Congrès un tableau sombre des perspectives de l'économie américaine qui rend, selon lui, d'autant plus urgente l'adoption du plan de sauvetage des banques préparé par le Trésor.
"Les risques pour la croissance restent très inquiétants", tout comme le restent les "risques de hausse de l'inflation", a souligné le chef de la banque centrale américaine.
"Le produit intérieur brut devrait croître au deuxième semestre à un rythme bien inférieur à son potentiel et se reprendre ensuite progressivement à mesure que le fonctionnement des marchés financiers redeviendra normal et que la correction du marché de l'immobilier aura atteint son terme", a relevé M. Bernanke devant la Commission économique mixte du Congrès américain.
La détérioration des perspectives économiques à l'étranger fait que "la contribution nette des exportations à la production américaine ne devrait pas être aussi importante qu'elle ne l'a été au premier semestre", alors que les dépenses des ménages, moteur de la croissance aux Etats-Unis "resteront au mieux stagnantes à court terme", a-t-il ajouté.
M. Bernanke a redit aux parlementaires que la raréfaction du crédit provoquée par les difficultés des banques affectait "directement l'ensemble de l'économie". "Lorsque les prêteurs resserrent le crédit, alors les dépenses, la production et les créations d'emplois ralentissent".
En conséquence, a dit M. Bernanke, "je conseille vivement au Congrès d'agir vite" en approuvant le plan de sauvetage du système financier présenté par le secrétaire au Trésor Henry Paulson.
M. Paulson avait défendu ce plan mardi devant le Sénat en demandant aux parlementaires de donner lui donner toute latitude pour racheter sur les fonds publics les actifs invendables des banques jusqu'à concurrence de 700 milliards. Mais ses arguments n'ont pas convaincu.
M. Bernanke a lancé un nouvel avertissement aux parlementaires: "Si nous ne faisons pas [ce plan], alors l'économie ira moins bien et les recettes budgétaires en seront fortement affectées et il n'est donc pas évident qu'agir coûte plus cher que de ne rien faire".
Le chef de la Fed a éludé l'idée, avancée par l'influent sénateur démocrate Charles Schumer, de procéder par étapes en allouant au programme de rachats d'actifs invendables d'abord 150 milliards de dollars sur trois mois avant de voir comment cela fonctionne.
"Vous me demandez mon avis en tant qu'économiste. Malheureusement, c'est une question de psychologie", a-t-il déclaré, estimant que le plus important était le message adressé au marché sur le niveau d'engagement des autorités.
M. Bernanke a rappelé les 700 milliards proposés par le Trésor ne représentaient que 5% de l'encours des crédits immobiliers aux Etats-Unis.
Ce plan ne devrait avoir aucun effet accélérateur sur l'inflation, a assuré ce spécialiste de la Grande Dépression.
Il a assuré vouloir éviter que l'Etat fédéral ne paie trop cher les actifs qui seront repris aux banques.
M. Bernanke a ainsi clarifié des propos qu'il avait tenus la veille, et par lesquels il avait donné l'impression d'être favorable à ce que l'Etat rachète ces actifs au-dessus du prix du marché de manière à soulager les bilans des banques, quitte à alourdir encore la facture pour les contribuables.
A New York, le président américain George Bush a appelé à avoir confiance dans la processus législatif et a promis qu'il y aurait "un plan solide" "quand tout aura été dit".
"Si nous ne prenons pas de mesures fortes et décisives, nous pourrions avoir à faire face à un désastre financier", a déclaré sa porte-parole Dana Perino.