Les autorités financières mondiales sont montées au créneau jeudi pour tenter d'enrayer la panique qui s'est emparée du système financier, alors que la concentration du secteur bancaire s'accélérait sur fond de rumeurs de nouvelles faillites de groupes bancaires.
Après ses plongeons de lundi et mercredi, Wall Street s'est enfin ressaisie, terminant en hausse de 3,86% sur l'espoir de voir Washington mettre en place une structure destinée à racheter les actifs douteux des institutions financières en difficulté.
Selon la chaîne d'information économique CNBC, le Trésor américain envisagerait une telle solution, similaire à celle mise en oeuvre dans les années 1980 pour mettre un terme à la crise des Caisses d'épargne.
Mais la nouvelle est arrivée trop tard pour les autres places boursières mondiales qui ont connu une nouvelle journée noire: Paris a reculé de 1,06% et Londres de 0,66%, Tokyo de 2,22% et Shanghai de 1,72%.
Dans une brève déclaration depuis la Maison Blanche, le président George W. Bush a assuré que son administration allait oeuvrer pour rétablir la stabilité sur les marchés et la confiance des investisseurs.
Le Trésor américain a annoncé dans la foulée qu'il allait lever 100 milliards de dollars supplémentaires afin de soutenir la Réserve fédérale et ses mesures d'aides d'urgence à l'économie. Les organes de supervision financière ont annoncé des mesures contre la technique de la vente à découvert, accusée d'avoir amplifié la déroute bancaire des derniers jours.
Cette technique d'investissement boursier, parfaitement légale, consiste à emprunter une action (moyennant le versement d'une commission) avec l'espoir de pouvoir la revendre lorsque son cours aura chuté. L'investisseur peut ainsi empocher la différence.
A Londres, l'Autorité des Services Financiers (FSA) a décidé d'interdire toute vente à découvert concernant des sociétés financières cotées jusqu'au 16 janvier.
Aux Etats-Unis, l'Etat de New York a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les ventes d'actions à découvert qui pourraient avoir joué un rôle dans la chute vertigineuse du cours des banques Lehman Brothers, Goldman Sachs et Morgan Stanley.
Auparavant, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait annoncé qu'elle allait apporter 180 milliards de dollars aux marchés financiers par le biais d'accords de prêts avec la Banque centrale européenne (BCE) et leurs collègues de Suisse, d'Angleterre, du Japon et du Canada.
Cette initiative survient alors que les robinets du crédit continuaient de se tarir, après la décision historique des autorités américaines, mardi, de nationaliser l'assureur AIG pour empêcher sa faillite. La veille, la banque d'affaires Lehman Brothers, l'un des piliers de Wall Street, avait dû déposer son bilan.
La crise a déclenché une concentration accélérée du secteur financier.
La banque britannique Barclays a acheté mercredi pour une bouchée de pain les meilleurs actifs de Lehman Brothers. Une autre banque britannique, Halifax Bank of Scotland (HBOS), a dû accepter son rachat en urgence par sa compatriote Lloyds TSB.
La presse américaine se faisait l'écho de rumeurs de rachat de l'une des deux dernières banques d'affaires de Wall Street, Morgan Stanley, par la banque commerciale Wachovia. Selon CNBC, c'est avec la chinoise CITIC que Morgan Stanley discute.
Morgan Stanley, très attaquée ces derniers jours à Wall Street malgré ses bons résultats trimestriels, a terminé en hausse de 3,7%.
La banque américaine Washington Mutual (WaMu), contrainte à de nombreuses dépréciations d'actifs en raison de son exposition au marché immobilier, a de son côté mandaté la banque d'affaires Goldman Sachs pour lui trouver un repreneur, a affirmé mercredi le New York Times. Le titre a regagné près de 49% à la Bourse de New York.