L'ocde appelle ses pays membres à augmenter les ressources de l'enseignement supérieur, en particulier les pays d'Europe continentale qui n'ont choisi à ce stade ni les investissements publics massifs ni la liberté pour les universités de réclamer des frais de scolarité.
Dans son rapport "Regards sur l'éducation 2008", l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) part du constat d'une évolution divergente entre primaire et secondaire d'une part, supérieur (appelé "tertiaire" par l'organisation) d'autre part.
Entre 1995 et 2005, les ressources disponibles par élève du primaire et du secondaire ont "considérablement progressé" en moyenne dans l'OCDE. En outre, les dix prochaines années annoncent un recul démographique des 5-14 ans dans 23 des 30 pays de l'OCDE (à noter que la France connaîtra une hausse).
Dans l'enseignement supérieur, c'est l'inverse. Les étudiants ne cessent d'augmenter: ils sont passés de 37% d'une génération en 1995 à 57% en 2005.
Durant cette décennie, en Finlande ou au Portugal les admissions en université ont été multipliées par deux.
Cette "demande" est notamment portée par le fait que les diplômés du supérieur ont en moyenne des revenus plus élevés que ceux du deuxième cycle du secondaire.
Mais le financement ne suit pas toujours: "les dépenses" par étudiant "ont parfois diminué car les budgets n'ont pas été revus à la hausse en proportion de l'augmentation importante des effectifs".
Et cela pose notamment "des problèmes d'infrastructures", a mis en garde lors d'une conférence de presse le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria.
L'OCDE ne tranche pas entre des financements plutôt publics ou plutôt privés mais elle appelle ses pays membres à réagir, surtout en Europe continentale.
Les pays nordiques, d'un côté, sont en effet "parvenus à développer l'enseignement tertiaire par des investissements publics massifs", aussi bien pour financer les établissements que pour aider les étudiants.
De l'autre, les pays anglo-saxons, le Japon et la Corée "ont préféré reporter sur les étudiants une partie de la charge financière", via des frais d'inscription fixés par les établissements, tout en versant le plus souvent des aides aux étudiants (prêts ou bourses).
Mais un troisième groupe de pays, composé de l'Allemagne, la Belgique, la France ou l'Italie n'a fait ni l'un ni l'autre: ni hausse des budgets des universités "dans les proportions requises", ni autorisation aux établissements de réclamer des frais de scolarité.
D'où le risque que "les difficultés budgétaires" de leurs universités "s'aggravent", ce qui peut à terme menacer la qualité des études suivies.
A cet égard, l'OCDE a des "interrogations" sur le fait de savoir si en France la réforme sur l'autonomie des universités va permettre, ou non, d'augmenter leurs ressources, a commenté le directeur adjoint pour l'éducation, Bernard Hugonnier.
L'organisation ajoute que le "défi principal" consiste à ne pas remettre en cause "le principe d'équité": à cet égard "le renforcement des aides publiques et le bon dosage entre les aides accordées aux étudiants sous forme de prêts d'études ou de bourses seront primordiaux".
Les études existantes, selon le rapport, tendent à montrer que les bourses sont plus efficaces que les prêts pour les étudiants défavorisés, tandis que les prêts sont plus efficaces pour les autres.