L'ancien président du Conseil constitutionnel Pierre Mazeaud a réfuté vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris les accusations de l'émission Capital qui, dans un reportage diffusé sur M6, avait laissé entendre qu'il bénéficiait d'un logement de complaisance à Paris.
"Choqué" par cette émission diffusée le 16 mars et intitulée "Combines et corruption, enquête sur la France qui fraude", l'ancien ministre avait alors assigné la chaîne télévisée en diffamation.
Le reportage de Capital, qui brocardait "la triche au logement social", avait été diffusé peu après l'affaire Bolufer, du nom de l'ancien directeur de cabinet de la ministère du Logement Christine Boutin, à qui la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) louait à un tarif très social un bel appartement dans un quartier huppé de la capitale.
"J'ai été stupéfait" d'être "assimilé à ces fraudeurs privilégiés alors que je suis dans ce studio de 47 mètres carrés depuis 26 ans", a regretté vendredi M. Mazeaud.
Il a expliqué au tribunal qu'il louait ce logement - qui n'est pas un HLM - depuis 1982 auprès de la SAGI, puis de la RIVP, deux sociétés d'économie mixte, bailleurs sociaux de la Ville de Paris, qui ne lui avaient jamais signifié de hausses de loyer.
"Je n'admets pas que, sous couvert de la liberté d'expression, on dise tout et n'importe quoi", a-t-il déploré, considérant que c'est un "fieffé mensonge que de dire qu'il habite un appartement de grand standing".
L'avocat de M6, Me Nicolas Brault, ainsi que la journaliste de Capital Nathalie Moisan, ont souligné que M. Mazeaud louait son appartement 12 euros du m³, soit un prix deux fois moins élevé que celui du marché, ce qui selon eux constitue bien "un privilège" qui "peut choquer le public", notamment au vu de ses revenus élevés.
Le procureur de la République, Anne de Fontette, a regretté "l'amalgame" avec le scandale Bolufer et la "diffamation par assimilation" réalisés par M6. A ses yeux, le reportage impute bien à l'ancien président du Conseil constitutionnel "d'avoir bénéficié d'un avantage indu". A ce titre, il est selon elle "diffamatoire".
La 17e chambre rendra sa décision le 10 octobre.