Le gouvernement italien estime possible d'obtenir un accord de l'Union européenne pour son plan de sauvetage de la compagnie aérienne nationale Alitalia car celui-ci "ne prévoit pas d'aides de l'Etat", a affirmé dimanche Claudio Scajola, ministre du Développement économique.
"Je crois qu'il sera possible d'obtenir le feu vert de Bruxelles car ce sauvetage se fera sans aide de l'Etat que ce soit pour l'ancienne ou pour la nouvelle Alitalia" a indiqué M.Scajola dans une interview au quotidien romain Il Messagero.
"Il s'agit entièrement d'une opération de marché car c'est un groupe privé qui se porte acquéreur d'une partie des biens d'Alitalia déclaré insolvable", a estimé le ministre.
Ces biens "seront vendus au prix du marché", a encore assuré M.Scajola et "d'autres acquéreurs potentiels peuvent se manifester".
Le ministre répond ainsi à Joaquin Almunia, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires qui avait souhaité samedi que la solution de la crise d'Alitalia respecte les règles européennes.
"J'espère qu'on trouvera une solution bonne pour la compagnie, pour les passagers et les employés mais qui soit compatible avec les règles européennes" a déclaré M.Almunia venu samedi en Toscane dans le nord de l'Italie, à l'occasion de la remise d'un prix.
Alitalia a demandé vendredi à être placée sous administration extraordinaire et a déposé un recours pour être déclarée insolvable devant le tribunal de Rome.
Le plan de sauvetage du gouvernement prévoit la naissance d'une nouvelle compagnie débarrassée du poids de la dette de l'ancienne société.
La nouvelle Alitalia privatisée et regroupant les activités rentables sera détenue majoritairement par 16 actionnaires italiens prêts à mettre ensemble un milliard sur la table pour relancer la compagnie.
Cette décision intervenait au lendemain de l'adoption par le gouvernement Berlusconi d'un décret-loi modifiant la loi sur les faillites afin de permettre le sauvetage de la compagnie.
Il autorise les grandes entreprises en difficulté placées sous tutelle à accélérer certaines procédures, telles que les cessions d'actifs, de contrats et les suppressions de personnel.
Ce texte va également permettre à Alitalia de déroger à la loi antitrust et d'intégrer dans la nouvelle société assainie des actifs d'Air One, deuxième compagnie de la péninsule.
Concernant les suppressions d'emplois, estimées à 7.000 postes par la presse, le gouvernement a annoncé la mise en place de mesures d'accompagnement social pendant sept ans.
Les syndicats qui sont convoqués pour lundi par le gouvernement, ont exprimé la plus grande prudence à l'égard du plan de reprise, qui a été dénoncé par l'opposition de gauche.
Le conseil d'administration d'Alitalia n'a pas approuvé les comptes semestriels de la compagnie, contrairement à ce qui avait été annoncé, a indiqué un porte-parole.
Les pertes d'Alitalia pour le premier semestre 2008 sont évaluées à 400 millions d'euros par les analystes, tandis qu'au premier trimestre, la compagnie avait enregistré une perte avant impôts de 215 millions d'euros.
Selon un communiqué publié vendredi par Alitalia, la dette de la société s'élevait à 1,17 milliard d'euros au 31 juillet.
Jeudi, Air France-KLM avait déclaré être prête à s'impliquer dans le redécollage d'Alitalia via "une participation minoritaire au capital" de la nouvelle société.
Cette participation de la compagnie franco-néerlandaise qui avait retiré son offre sur Alitalia au printemps dernier face à l'opposition des syndicats et aux critiques de M. Berlusconi, pourrait se situer entre 5% et 10%, avance vendredi le quotidien Il Messaggero qui ne cite pas ses sources.
Vendredi, Roberto Colaninno, patron du groupe Piaggio, désigné pour présider la nouvelle société, a indiqué dans la presse qu'outre Air France-KLM, la compagnie allemande Lufthansa était également en lice pour une participation minoritaire.
"Nous sommes en train de traiter avec les deux. L'une d'entre elles nous sera indispensable", a déclaré M. Colaninno au journal La Repubblica.
Il a précisé que ce futur partenaire "ne disposera de toute façon que d'une stricte minorité" dans la nouvelle Alitalia.
Alitalia emploie 11.100 personnes pour l'activité de transport aérien, tandis que 8.300 autres travaillent dans les services de maintenance renommés AZ Servizi, société chapeautée par une holding publique.