L'université d'été du Medef, qui s'est close vendredi, a été rythmée cette année par une succession d'annonces du gouvernement en matière de fiscalité, ravivant les craintes des chefs d'entreprise qui s'estiment déjà suffisamment mis à contribution.
Ouvert mercredi, le traditionnel rassemblement patronal de rentrée a vu défiler politiques et grands patrons, pendant trois jours sur le campus de Polytechnique, en présence de quelque 6.000 participants.
Absent cette année, le président Sarkozy a toutefois fait naître des débats dès l'ouverture, avec le projet de financer le Revenu de solidarité active (RSA) par une taxation de 1,1% des revenus du capital, officiellement confirmé jeudi.
"Si à chaque nouvelle idée, on invente une nouvelle taxe, on va être totalement asphyxiés, très vite", a déploré la présidente du Medef Laurence Parisot, pointant également du doigt la future augmentation des cotisations retraite "qui va toucher et les salariés et les entreprises".
"Une taxe de 1%, ce n'est pas beaucoup en soi, mais le problème c'est qu'elles s'accumulent", regrettait vendredi Guillaume Poitrinal, président du directoire d'Unibail Rodamco.
Cette taxe viendrait s'ajouter à une contribution patronale qui doit financer l'aide aux transports domicile-travail, et dont le principe ne sera "pas remis en cause", a prévenu le Premier ministre François Fillon.
Sans renier son soutien à la politique de réformes de Nicolas Sarkozy, acclamé par les patrons l'université d'été de l'an dernier, Laurence Parisot a déploré "un manque de lisibilité" dans la politique économique du gouvernement.
Semblant répondre à cette inquiétude, le ministre du Budget Eric Woerth a profité de son passage jeudi sur le campus pour confirmer que la diminution de la taxe professionnelle, ardemment souhaitée par le patronat, serait bien inscrite dans le budget 2009.
Le ministère a toutefois précisé que les dispositions législatives n'interviendraient qu'entre 2010 et 2012, douchant les espoirs des plus pressés.
"Les entreprises que je représente, et qui sont particulièrement exposées à la concurrence internationale, c'est maintenant qu'elles ont besoin de baisses d'impôts", réagissait vendredi Yvon Jacob, président du Groupe des fédérations industrielles (GFI).
M. Woerth a aussi annoncé la suppression de l'impôt forfaitaire annuel (IFA), mais en trois ans alors que Nicolas Sarkozy avait promis dès 2009 la suppression de cet impôt.
Le gouvernement s'est également empressé de démentir, avant toute polémique, l'annonce parue vendredi dans la presse d'une future taxe de 5% sur l'intéressement et la participation, destinée à renflouer les caisses de la Sécu. Le ministère de l'Economie a assuré qu'il s'en tiendrait à une contribution patronale de 300 millions d'euros, comme annoncé en juillet.
"Il va y avoir devant nous plusieurs semaines de débat budgétaire dans lequel les questions fiscales, qui touchent les ménages et les entreprises, vont être débattues. Il n'y a pas de choses qui soient définitives au moment où elles sont annoncées", a souligné Mme Parisot vendredi.
"Sans nier les difficultés économiques actuelles", elle s'est dite "très heureuse" de ces trois jours de débats "de haute tenue".
Le débat de clôture a été marqué par un coup de fil de Nicolas Sarkozy à la présidente du Medef, pour transmettre ses salutations aux entrepreneurs. "C'était aussi une façon de vous dire à quel point il pensait à vous", a déclaré Laurence Parisot.