Une nouvelle étape clef pour sauver Alitalia a été franchie jeudi par le gouvernement de Silvio Berlusconi avec une réforme de la loi sur les faillites tandis qu'Air France-KLM annonçait être prête à s'impliquer dans le redécollage de la compagnie.
Le conseil des ministres italien a approuvé un décret-loi pour permettre aux grandes entreprises en difficulté placées sous administration extraordinaire d'accélérer certaines procédures, telles que les cessions d'actifs, de contrats et les suppressions de personnel, selon un communiqué officiel.
Le texte, qui a été transmis à la Commission européenne, contient aussi une dérogation à la loi antitrust pour permettre l'intégration des actifs d'Air One, deuxième compagnie de la péninsule, dans la nouvelle Alitalia, précise le communiqué.
"La gestion d'Alitalia restera entre les mains des Italiens (...) Nous avions le devoir de faire quelque chose. Nous avons réussi" a commenté jeudi soir Silvio Berlusconi.
"Nous avons évité la solution proposée par le gouvernement précédent, qui aurait consisté à brader (Alitalia) à Air France, la compagnie nationale du principal concurrent de l'Italie dans le secteur du tourisme international", a-t-il ajouté à propos de l'offre d'achat présentée par Air France-KLM sous le gouvernement Prodi.
Air France-KLM avait finalement retiré son offre au printemps dernier face à l'opposition des syndicats et aux critiques de M. Berlusconi qui, en campagne électorale, avait joué la carte de l'"italianité" de la compagnie.
La compagnie franco-néerlandaise, qui détient 2% dans Alitalia, s'est déclarée jeudi "prête à prendre une participation minoritaire au capital" de la nouvelle société Alitalia "aux côtés des investisseurs réunis par la banque Intesa SanPaolo".
Le texte adopté jeudi par le gouvernement italien prévoit aussi des mesures destinées à protéger les salariés et à indemniser les petits actionnaires.
Concernant les suppressions d'emplois, estimées à 7.000 par la presse, le gouvernement a annoncé la mise en place de mesures d'accompagnement social pendant sept ans et un "programme de reclassement dans d'autres entreprises du secteur privé".
Alitalia emploie 11.100 personnes dans le transport aérien, tandis que 8.300 autres travaillent dans les services de maintenance.
Ce nouveau pas vers une restructuration d'Alitalia est intervenu à la veille d'un conseil d'administration de la compagnie au bord de la faillite.
Elle doit publier vendredi des résultats semestriels qui devraient se solder par une perte de 400 millions d'euros, selon les analystes.
Le conseil doit aussi approuver le plan de sauvetage d'Alitalia, mis au point par la banque Intesa Sanpaolo, qui prévoit la scission de la compagnie détenue par l'Etat à 49,9% en deux entités: l'une viable reprise par 16 actionnaires italiens qui ont constitué une nouvelle société mardi soir, l'autre lestée des dettes et des activités sans avenir, qui sera mise en faillite.
Dans un deuxième temps, la nouvelle Alitalia devrait s'allier à un partenaire international qui pourrait être Air France-KLM ou l'allemande Lufthansa, évoquée par la presse italienne comme possible partenaire.
Le plan de reprise d'Alitalia, qui doit passer sous les fourches caudines de Bruxelles, a été fraîchement accueilli par les syndicats, convoqués lundi au gouvernement.
Il a aussi été dénoncé par l'opposition de gauche, qui ne manque pas de souligner que les pertes totales d'Alitalia, d'environ 1,2 milliard d'euros, devront finalement être supportées par les contribuables puisque les nouveaux investisseurs ne veulent pas en entendre parler.