Les prix du pétrole ont de nouveau reculé vendredi à New York, approchant le seuil de 110 dollars le baril, plombés par la hausse du dollar et la révision à la baisse des perspectives de demande par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre a terminé à 113,77 dollars, en baisse de 1,24 dollar par rapport à son cours de clôture jeudi. En séance, il est tombé à 111,34 dollars.
A Londres, le baril de pétrole brent pour livraison en septembre a perdu 9 cents, à 112,55 dollars. Il a touché 110,31 dollars en séance.
Le baril de brut ne s'est plus échangé sous les 110 dollars depuis le 2 mai.
"Il semble que le pétrole se dirige vers un prix à deux chiffres", a estimé Phil Flynn, d'Alaron Trading.
"Les investisseurs sont de plus en plus préoccupés du niveau du dollar, alors qu'il apparaît de plus en plus évident que le pétrole est entré dans une phase de consolidation", a expliqué Mike Fitzpatrick, de MF Global.
Le dollar a de nouveau fortement progressé vendredi face aux principales devises, passant sous le seuil de 1,47 dollar pour un euro.
La hausse de la monnaie américaine rend moins attractif l'or noir, vendu en dollar, pour les investisseurs étrangers.
En outre, alors que le dollar semble s'installer dans une phase ascendante, la monnaie américaine "apparaît comme un investissement solide comparé à un autre (le pétrole), dont la valeur s'érode", a ajouté M. Fitzpatrick.
"Le recul de la demande devient de plus en plus évident. Le dollar reprend des couleurs et les autres devises reviennent sur terre. L'Opep prévient d'une offre trop abondante alors que la demande baisse", a énuméré M. Flynn.
Dans son rapport mensuel, l'Opep a légèrement révisé ses prévisions de hausse de la demande de brut dans le monde à 1,17% en 2008 contre une précédente estimation de 1,20% à la suite de la persistance du ralentissement économique.
Le cartel a par ailleurs maintenu sa prévision pour 2009 d'une hausse de la demande de brut de 1,03%, soit 900.000 barils par jour (b/j) à 87,80 millions de barils par jour (mb/j). Il ajoute toutefois que le pourcentage estimé de la hausse en 2009 sera le plus faible depuis 2002.
Depuis son record du 11 juillet (147,27 dollars), le baril d'or noir a plongé d'environ 35 dollars.
"Les menaces qui pèsent sur l'offre sont éclipsées par les signes de contraction de la demande", a relevé M. Fitzpatrick.
Aux Etats-Unis, premier consommateur mondial, la consommation de pétrole a été inférieure de 2,8%, sur les quatre dernières semaines, à celle de l'année précédente, et celle d'essence de 1,9%, selon de Département américain à l'Energie.
Les économistes redoutent dorénavant l'entrée en récession non seulement des Etats-Unis, mais aussi du Japon et des plus grands pays européens.
Les craintes sur la croissance européenne et le spectre d'une possible entrée en récession ont pris de la consistance jeudi avec l'annonce d'une contraction du Produit intérieur brut de la zone euro au deuxième trimestre.
Cette semaine, le Japon et la Grande-Bretagne ont également averti qu'ils n'excluaient plus une période de récession pour les prochains trimestres.
"Cela explique que le marché ignore une question aussi importante que le conflit entre la Géorgie et la Russie. Les oléoducs qui transitent en Géorgie constituent pourtant une source majeure de pétrole pour l'Occident, et ils sont en danger", a affirmé M. Fitzpatrick.