La livre sterling a touché un plus bas depuis 22 mois face au dollar jeudi matin, en raison des risques pesant sur l'économie britannique et, à l'inverse, d'un regain de confiance des cambistes en faveur du billet vert.
"Le cable (le rapport livre-dollar, NDLR) est de plus en plus faible et sa dépréciation actuelle est comparable à celle que la livre a connue quand elle est sortie du système du mécanisme des taux de change (ERM) en 1992" commentait Lee Hardmann de la Bank of Tokyo-Mitsubishi.
La monnaie britannique a touché le seuil d'1,8619 vers 01H40 GMT, un plus bas depuis le 17 octobre 2006.
Elle perdait ainsi près d'un pence par rapport à son cours de clôture de la veille (1,8704) et plus de 11% de sa valeur par rapport à son niveau de la mi-juillet où elle évoluait au-dessus de 2 dollars (pour une livre).
Elle laissait aussi loin derrière elle son record historique du 9 novembre dernier, à 2,1161 livres pour un dollar.
La livre est déprimée par la conjoncture britannique actuelle: la Banque d'Angleterre a estimé mercredi que l'inflation pourrait dépasser 5% avant la fin 2008, réduisant ainsi la probabilité d'une baisse des taux d'intérêt malgré la menace de récession qui plane sur le Royaume-Uni.
Par ailleurs, le loyer de la livre sterling, fixé à 5%, un des plus hauts des principales monnaires, ne suffit plus à attirer les investisseurs.
"L'économie britannique traverse une période d'ajustement difficile et douloureuse" a reconnu Mervyn King, gouverneur de la Banque, pointant les deux chocs simultanés des perturbations financières et des records de l'inflation sur le navire de l'économie britannique, déjà chahuté par les eaux tumultueuses de ses indicateurs nationaux.
Ce n'est pas tant la livre qui baisse que le dollar qui monte, soulignaient cependant les analystes qui jugent que la monnaie britannique n'est qu'un exemple de ce regain du billet vert qui accumule les gains face aux principales autres devises sur le marché des changes depuis près d'un mois.
"Une grande partie des mauvaises nouvelles qui pourraient affecter le dollar sont déjà intégrées dans son cours actuel" expliquait Daragh Maher de Calyon, ajoutant que, pour le moment, "son succès tient beaucoup à la détérioration des perspectives des autres économies".
En revanche, la devise britannique regagnait un peu de terrain face à l'euro après une forte tendance baissière ces derniers mois, où elle était tombée jusqu'à 80 pence en avril, soit 1,23 euro pour une livre. Elle s'échangeait autour de 79 pence jeudi matin pour un euro, soit 1,25 euro pour une livre.