La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a reconnu jeudi que le Produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre ne serait "pas bon", tout en envisageant un "vrai rebond au dernier trimestre".
"Il ne faut pas s'attendre à un bon troisième trimestre car les facteurs ayant pesé au deuxième trimestre sont restés présents en juin et sur une partie du mois de juillet", souligne Mme Lagarde dans un entretien sur le site internet du Figaro.
Mais ces facteurs "ont commencé à s'estomper depuis un mois", ce qui "permet d'envisager un vrai rebond au dernier trimestre", poursuit la ministre, qui cite la baisse des prix du pétrole, de l'euro et des matières premières.
Le PIB français s'est contracté de 0,3% au deuxième trimestre, selon une première estimation de l'Insee, ce qui alimente les craintes d'une récession, caractérisée par deux trimestres consécutifs de baisse de la croissance.
Le gouvernement table sur une croissance comprise entre 1,7% et 2% en 2008. Interrogée pour savoir si ce chiffre reste atteignable, la ministre se "refuse à réviser (ces) prévisions sur la base d'une seule publication".
"Nous révisons ces chiffres au moment de la présentation du projet de loi de finances qui a lieu fin septembre", ajoute-t-elle.
Quant à la prévision d'un déficit public de 2,5% du PIB en 2008, elle indique: "Nous nous réunissons lundi avec le Premier ministre et mon collègue Eric Woerth, ministre des Comptes publics, pour déterminer comment boucler notre budget dans ce contexte difficile pour l'économie".
François Fillon réunit lundi les ministres de la sphère économique pour identifier les réponses à apporter au recul du PIB.
Mme Lagarde estime que "globalement la consommation des ménages résiste". Celle-ci a progressé de 0,1% au deuxième trimestre après une baisse de 0,1% au premier.
"J'y vois l'effet bénéfique du projet de loi Tepa, voté en juillet 2007 qui a redonné 8 milliards d'euros aux Français, soit sous forme d'heures supplémentaires défiscalisées, d'exonérations de droits de mutation ou de crédits d'impôts immobiliers", affirme-t-elle.
Selon elle, la Banque centrale europénne (BCE) "a aussi un rôle majeur à jouer". "Je suis sûre que la BCE examinera dans les prochains mois sa politique de taux avec intelligence", dit Mme Lagarde.
Interrogée sur un retournement du marché du travail au deuxième trimestre, la ministre se veut rassurante. "Si on retire l'intérim (...) l'économie a continué à créer des emplois en net (...) contrairement à ce qui se passait au début des années 1990 où l'affaiblissement de la croissance avait eu un impact très net sur le chômage, cette fois-ci le marché de l'emploi a joué le rôle d'amortisseur", dit-elle.
Elle souligne aussi que les créations d'entreprises "sont restées très élevées au premier semestre", sachant que "statistiquement, une entreprise créée génère en moyenne entre 1,5 et 2 emplois supplémentaires".