
L'Italie "maintiendra sa première place" dans la production d'hydrocarbures en Libye et ne craint pas de perdre son rang face à d'autres pays en pointe aux côtés des anti-Kadhafi, comme la France, a affirmé samedi le ministre italien des Affaires étrangères.
"L'Italie maintiendra sa première place. Nous l'avions et nous l'aurons", a déclaré le ministre, Franco Frattini, en marge du Forum Ambrosetti, qui réunit des personnalités du monde politique et économique à Cernobbio, sur les rives du lac de Côme, dans le nord de l'Italie.
"Nous avons confirmé notre engagement", a poursuivi M. Frattini, "en octobre, nous serons en mesure de refaire repartir la production, celle qui était sous le contrôle d'Eni".
Le patron du groupe pétrolier Eni, Paolo Scaroni, avait en effet indiqué mercredi qu'il espérait pouvoir redémarrer le 15 octobre la fourniture de gaz libyen à travers le gazoduc Greenstream, le seul reliant la Libye à l'Italie et à l'Europe.
Faire repartir les gisements pétroliers sera en revanche plus compliqué et plus long, avait-il souligné.
"Nous voyons d'autres pays, comme la Russie, qui veulent confirmer leurs contrats pétroliers, j'en prends acte, je n'y vois rien d'étrange", a encore dit M. Frattini.
Eni, dont l'Etat italien détient environ le tiers du capital, était avant l'insurrection le premier producteur étranger d'hydrocarbures en Libye. Afin de reprendre au plus vite ses activités dans le pays, le groupe italien a signé dès lundi un accord avec le CNT.
En 2010, sa production brute en Libye, incluant la part revenant à la compagnie nationale libyenne, s'est élevée à 522.000 barils par jour, soit le tiers de la production libyenne (1,55 million de barils selon l'Agence internationale de l'Energie), et sa production nette à 273.000 barils.
La Libye est le quatrième producteur en Afrique (après le Nigeria, l'Angola et l'Algérie) et compte les plus grosses réserves de pétrole du continent avec 44 milliards de barils, loin devant le Nigeria (37,2 milliards de barils) et l'Algérie (12,2).
Alors que ces ressources suscitent des convoitises, les autorités libyennes de transition du CNT ont assuré jeudi qu'il n'y aurait "pas de favoritisme politique" dans l'attribution des contrats pétroliers et ont démenti avoir signé avec la France un document lui promettant 35% du pétrole libyen.
Affirmant ne pas être au courant de ce document, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé avait néanmoins jugé "logique" jeudi que les pays ayant soutenu les rebelles soient privilégiés.