Vent, soleil, fleuves, géothermie: l'Afrique est le continent rêvé pour les énergies renouvelables mais les projets peinent à y voir le jour, aussi près de 70 pays ont lancé jeudi à Paris une "initiative" pour drainer des fonds vers ce secteur clé pour le développement.
"L'initiative Paris-Nairobi", promue par l'ex-ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo et le Premier ministre kényan Raila Odinga, a été officiellement inaugurée en présence de ministres et hauts responsables de plus d'une trentaine de pays africains.
L'idée a surgi il y a deux ans face à une carte une carte satellite qui montrait l'Europe de nuit et "ses villes illuminées" et, par contraste, l'Afrique "totalement dans l'obscurité", a expliqué M. Odinga à l'ouverture de la réunion.
En Afrique, le taux d'accès moyen à l'électricité est de 30%, essentiellement sur la côte nord du Maghreb et à la pointe sud du continent.
Il y a "urgence" à doter l'Afrique d'une "énergie moderne, fiable, et propre", a relevé la ministre française de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet - qui a succédé à M. Borloo.
"C'est une condition pour atteindre tous les autres Objectifs du Millénaire" de l'ONU de lutte contre la pauvreté, a-t-elle estimé.
"L'initiative Paris-Nairobi" veut aider à mettre sur pieds des projets d'énergies propres suffisamment attrayants pour attirer les investissements.
Actuellement, "c'est le serpent qui se mord la queue. On n'a pas assez de projets parce qu'il n'y a pas assez de financements et les financements sont refusés parce qu'on se dit pas bien sûrs de la qualité des projets", a constaté Mme Kosciusko-Morizet. "L'Initiative Paris-Nairobi vise à rompre ce cercle vicieux".
Lors du sommet climat des Nations unies à Copenhague fin 2009, les pays riches s'étaient engagés à verser jusqu'à 100 milliards de dollars/an d'ici 2020 pour aider les plus vulnérables à s'adapter au changement climatique et à se doter d'énergies propres.
Selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), il faudrait 36 milliards de dollars/an pour assurer l'accès universel aux "énergies modernes" d'ici 2030.
Or, moins de 1% de l'ensemble des investissements consacrés aux technologies propres dans le monde sont destinés à l'Afrique.
"Le continent africain est, de tous, celui qui a le plus grand potentiel en matière d'énergies renouvelables", explique à l'AFP Pierre Radanne, l'un des auteurs du "Livre blanc" présenté jeudi pour attirer les investissements.
"Les priorités, c'est l'hydraulique sur l'ensemble du continent qui a des ressources absolument considérables. Et aussi l'éolien sur la côte atlantique, la géothermie dans l'est et le potentiel solaire", poursuit-il.
Mais pour "les bailleurs de fonds, mettre de l'argent dans des projets en Afrique ça ne va servir à rien, parce que les projets vont échouer. Il faut réamorcer un processus de confiance", estime-t-il. En commençant par "renforcer les capacités des collectivités locales, des ministères, des bureaux d'étude, encore beaucoup trop faibles par rapport à l'ampleur des besoins".
Mais pour Monique Barbut, présidente du Fonds mondial pour l'environnement (FEM, basé à Washington), le très faible développement des énergies propres en Afrique s'explique aussi parce que "c'est le continent qui distribue le plus de subventions aux énergies fossiles".
"Il faut nous aider avec des mesures fiscales incitatives", a-t-elle lancé aux délégués africains.
La prochaine réunion dans le cadre de l'Initiative aura lieu à Nairobi en février 2012. D'ici là, un "groupe pilote" doit "stimuler la réflexion et le dialogue entre les différents acteurs".