La sixième édition du baromètre des Finances solidaires confirme la tendance à la hausse des encours de l’épargne solidaire. Ce concept, identifié par un tiers des Français, recouvre des produits financiers de nature diverse. Epargne salariale, fonds solidaires, livrets bancaires ou actions d’entreprises non cotées, comptes à terme, leur point commun est d’apporter de l’argent à des secteurs d’activités hors champ de l’économie traditionnelle. 366 millions d’euros ont ainsi été versés, en 2007, majoritairement à des entreprises agissant dans le domaine social et pour le logement (43%), en faveur de l’emploi, principalement par l’insertion (39%). L’ENVIRONNEMENT arrive loin derrière (10 % des fonds ont servi à des filières biologiques ou d’énergies renouvelables) tout comme la solidarité internationale (8 % sont allés à la microfinance, le commerce équitable ou l’humanitaire). Certains produits financiers permettent aussi de reverser de l’argent à des ONG. Elles ont reçu, par ce type de mécanisme, plus de 5 millions d’euros en 2007.
La difficulté pour Finansol, organisation de promotion et de labellisation des finances solidaires, est de trouver un dénominateur commun à tous ces placements pour mieux les faire connaître du public et inciter les réseaux de distribution classique à les proposer à leurs clients « Epargner solidaire c’est aussi épargner pour les autres » explique François de Witt, le président de Finansol. « Il y a 35 millions d’épargnants en France et 7 millions de donateurs, tous potentiels épargnants solidaires. Pour mettre en avant nos atouts, nous proposons deux nouveaux indicateurs cette année : les performances financières et le baromètre de solidarité.»
Les performances sont variables mais globalement meilleures que celles des placements classiques, particulièrement par temps de crise. Pour les livrets, elles se situent entre 1% et 4,11%, vont jusqu’à 8,13% pour les actions non cotées et les comptes à terme et 8,32% pour les OPCVM.
600 millions d’euros d’épargne solidaire
Le baromètre de solidarité mesure quand à lui le pourcentage de l’argent placé dans un produit financier solidaire consacré à l’investissement solidaire lui-même. Il n’est que de 6 % pour les fonds et les assurances vie, de 31% pour les livrets, et de 51 % pour les actions d’entreprises non cotées. Ces dernières sont donc non seulement les plus « solidaires » mais elles bénéficient aussi d’un avantage fiscal spécifique depuis 2007. 75 % de la somme investie dans des entreprises de ce type peut être déduit de l’ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune). Si les avantages fiscaux sont un vecteur de développement efficace, l’épargne solidaire bénéficie aussi d’une obligation légale. Un fonds solidaire doit être intégré depuis 2001 dans les plans d’épargne retraite d’entreprises, ce qui a grandement contribué à la croissance de l’épargne salariale solidaire. Elle a augmenté de 125 % depuis 2005 et représente aujourd’hui plus du tiers des encours avec près de 600 millions d’euros.
Il semblerait que les Français comprennent de mieux en mieux la nécessité de mettre en oeuvre un développement économique durable respectueux de l’environnement et protecteur sur un plan social. Ils cherchent donc à trouver des cercles vertueux qui leur permettent de concilier épargne, développement durable et solidarité.
La NEF, l’un des principaux organismes de financement d’activités solidaires, incarne cette tendance « Nous nous efforçons de financer des projets porteurs de transformation économique qui ont une double dimension, sociale et environnementale » explique Marie-Laure Hairie, directrice du développement. « Nous pouvons refuser de financer un magasin bio s’il n’y pas de réflexion sur l’organisation sociale. Nous investissons, par exemple, dans des entreprises comme les chaussures de sport Véja, équitables et respectueuses de l’environnement ou les Jardins de Cocagne, entreprise d’insertion, productrice de bio ». La NEF a investi 110 millions d’euros en 2007 dans des projets solidaires et peut témoigner de la montée en puissance de nouvelles attentes chez les épargnants. Elle espère devenir, en 2010, une banque éthique de plein exercice pour mieux accueillir les 2000 nouveaux sociétaires qui la rejoignent chaque année.