« Beaucoup d’innovations appliquées dans l’entreprise peuvent devenir des valeurs nationales ». C’est avec cet espoir que Charlotte Duda, présidente de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), lance le label Diversité. Cette certification sera décernée aux sociétés qui intègrent une politique RH pour favoriser la diversité de leurs employés. L’initiative de l’ANDRH date de 2004 : elle est présentée au gouvernement de l’époque qui réclame une étude de faisabilité à l’association. L’Afnor Certification, qui a développé le cahier des charges, auditera les entreprises candidates. Le rapport d’évaluation sera présenté à une commission, dont l’avis permettra à l’Afnor de prendre une décision finale.
L’idée n’est pas neuve : le label Diversité rejoint la Charte de la diversité en entreprise, lancée fin 2004 par Claude Bébéar, président de l’association IMS – Entreprendre pour la cité. « Sans cette Charte, il n’y aurait pas eu de label, car nous avons eu des difficultés à le mettre en place. Nous avons eu l’impression de déranger pas mal d’intérêts » avoue Pascal Bernard, DRH de Eau de Paris et vice-président de l’ANDRH. « La France n’est quand même pas trop prête » ajoute-t-il, malgré les 1800 entreprises signataires de la Charte de la diversité et les 400 candidats au Label diversité. Pourtant, ce label récompense simplement la bonne volonté des entreprises en matière d’égalité des chances et reconnaît surtout une obligation de moyens.
Un label pour le management responsable
En aucun cas il ne s’agit de recenser les minorités présentes dans les sociétés ; en d’autres termes, une entreprise certifiée Diversité n’emploie pas nécessairement une part importante de seniors, de handicapés ou de personnes d’origine étrangère. La loi interdit en effet tout établissement de statistiques ethniques. « On s’assure uniquement que tout est mis en œuvre pour éviter les discriminations à l’embauche et au sein de l’entreprise » explique Thierry Geoffroy, chargé de mission à l’Afnor Certification. Le label certifie donc uniquement la présence et le bon fonctionnement d’un dispositif limitant les risques de discrimination. « Si l’entreprise affirme avoir une telle politique, mais que nous observons un dysfonctionnement aux vues des résultats présentés dans la stricte légalité, nous mettons un frein » ajoute-t-il. L’attribution du label est valable 3 ans, avec un contrôle de l’amélioration de la situation à mi-parcours.
Mettre en place une politique RH pour favoriser la diversité, c’est faisable dans une structure de 1000 personnes. Mais dans une pme de 10 employés ? « Le cahier des charges a été pensé pour que le label soit accessible aux petites entreprises » affirme Florence Méaux-Quaglia, directrice général de l’Afnor Certification. Pour faciliter la démarche, des consultants pourraient être mis à dispositions des petites structures. Reste à gérer le coût du label, quelques centaines d’euros par an pour les petites entreprises, quelques milliers pour les grandes. Quelle que soit la taille de la structure, échanges et négociations entre les différents acteurs seront indispensables au bon fonctionnement de la politique RH. « Dirigeants, experts, partenaires sociaux, associations, salariés, la démarche dépasse le cadre du management et le rôle des DRH » affirme Charlotte Duda. Le jury de labellisation sera par ailleurs composé de 4 collèges au moins : l’Etat, l’ANDRH, les employeurs et les partenaires sociaux.
Améliorer la valeur ajoutée de l’entreprise
La certification Diversité vient compléter le label Egalité, créé en mars 2004, qui n’a pas reçu le succès escompté. « Il a un peu essuyé les plâtres » avoue Pascal Bernard. « Pourtant, les entreprises disent recevoir plus de CV de femmes depuis qu’elles ont ce label ». Le nouveau label n’empiètera pas sur le domaine du label Egalité, et n’intègrera donc pas de critères de parité. Les 400 entreprises déjà candidates disent espérer que le label Diversité les rendra plus attractives auprès des postulants. Plus visible que la Charte de la diversité, le label Diversité pourrait permettre un intéressant retour sur investissement pour les entreprises. « Dans certains secteurs, on se dispute les jeunes cadres. Le label Diversité donnera de la valeur ajoutée aux sociétés » explique Pascal Bernard. « D’ailleurs, il n’y a pas de performance économique durable sans performance sociale ».