Les cours du pétrole perdaient trois dollars mercredi en fin d'échanges après l'annonce d'un gonflement important des réserves pétrolières aux Etats-Unis, entamant les gains amassés depuis le début de l'offensive dans la bande de Gaza et de la dispute gazière.
A Londres, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en février abandonnait 2,13 dollars, à 48,40, par rapport à son cours de mardi soir.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour la même échéance perdait 3,24 dollars, à 45,34 dollars.
Les stocks de produits pétroliers américains ont augmenté de façon bien plus importante que prévu la semaine dernière, selon des données dévoilées mercredi par le département à l'Energie (DoE): les réserves de brut se sont massivement étoffées de 6,7 millions de barils, celles d'essence de 3,3 mb, les stocks de produits distillés (gazole et fioul de chauffage) gagnant 1,8 mb.
Ces données, prenant par surprise des opérateurs tablant sur une progression bien moindre, ont aussitôt fait plonger les prix, qui étaient pourtant orientés à la hausse dans la matinée.
Ils sont "très baissiers", confirme le courtier Robert Montefusco, de la maison Sucden.
"La progression des stocks a été bien plus forte que ce qu'on attendait, la demande reste assez faible. Les raffineries ont augmenté leur cadence mais le pétrole raffiné s'entasse dans des entrepôts", a-t-il commenté, ajoutant que "beaucoup de pétrole était stocké aussi dans des superpétroliers", une quantité estimée à "50 millions de barils".
L'amoncellement des stocks pétroliers entretient le tableau d'un marché mondial déséquilibré, où l'offre continue d'excéder la demande.
Les inquiétudes sur l'état de la consommation mondiale de brut ont de surcroît été attisées par une série de mauvais indicateurs macroéconomiques: signe de la dégradation rapide de l'emploi aux Etats-Unis, le secteur privé a détruit 693.000 emplois en décembre, selon l'étude du cabinet ADP publiée mercredi. Et en Allemagne, première économie de la zone euro, le nombre des chômeurs est repassé au-delà de 3 millions.
Ce retour des craintes sur la consommation l'emportait mercredi soir sur les tensions géopolitiques qui sont restées fortes.
Au Proche-Orient, le cabinet de sécurité israélien a ainsi approuvé mercredi une extension de son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza, quelques heures après qu'Israël eut concédé une suspension quotidienne de trois heures de son offensive.
Parallèlement, la dispute gazière entre Moscou et Kiev s'est encore envenimée mercredi avec une paralysie désormais complète du réseau de gazoducs approvisionnant l'Europe via l'Ukraine, contraignant l'Union européenne à durcir sensiblement le ton pour exiger un règlement de la crise.
Après avoir progressé pendant six séances consécutives et regagné quelque 20% de leur valeur, les cours du pétrole avaient déjà marqué une pause mardi soir. S'ils avaient réussi à clôturer en hausse à Londres, à 50,53 dollars, la séance s'était en revanche achevée en petite baisse à New York, à 48,58 dollars.
Alors qu'un représentant de l'Iran au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait évoqué lundi la tenue d'une réunion du cartel en février, une source proche de l'Opep n'a pas confirmé ce scénario, précisant: "il n'y a rien en discussion pour le moment".
Choukri Ghanem, le dirigeant de la compagnie pétrolière nationale libyenne, a lui aussi indiqué mercredi à l'AFP qu'une réunion n'était pas à l'ordre du jour