Les Bourses mondiales s'apprêtaient vendredi dernier au soir à terminer la semaine en ordre dispersé après le rejet par le Sénat des Etats-Unis du plan de sauvetage du secteur automobile. A New York, l'indice Dow Jones se préparait à achever la semaine en repli de 1,67 %. A Paris, l'indice CAC 40 a clôturé sur un gain hebdomadaire de 7,55 % à 3 213,60 points, tandis que les autres indices européens ont achevé la semaine sur des progressions semblables.
Les marchés actions mondiaux ont oscillé entre l'espoir suscité par les plans de relance américain, européen et asiatique, et les nouvelles déconvenues sur le sauvetage de l'industrie automobile américaine. L'impasse constatée au Congrès renforce les inquiétudes sur les lourdes conséquences que l'éventuelle faillite d'un des «Trois Grands» constructeurs automobiles de Detroit, aurait, par ricochet, sur l'ensemble de l'économie mondiale.
Ces tensions se sont répercutées sur le marché des changes, où le dollar a continué de glisser face aux autres devises. Le yen a grimpé à son niveau le plus élevé contre le dollar depuis plus de treize ans, tandis que le billet vert se traite désormais sous 1,33 pour euro. Le sterling a quant à lui touché un plus bas record face à la monnaie unique à 1,1182 euro, alors que le Royaume-Uni s'enfonce dans la récession.
Les mauvaises statistiques publiées aux Etats-Unis sont venues souligner la mauvaise santé de l'économie. Les inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage sont ressorties en forte hausse à 573 000, un plus haut depuis novembre 1982. Le déficit commercial s'est accru en octobre, à 57,2 milliards de dollars, contre 53,5 milliards attendus.
Sur le marché pétrolier, les cours du brut sont nettement retombés vendredi aux alentours des 44 dollars en raison du rejet du plan de sauvetage de l'industrie automobile américaine et de prévisions alarmistes de Goldman Sachs, selon lesquelles le baril pourrait chuter à 30 dollars d'ici à quelques mois. Jeudi, le cours du brut wti avait pourtant rebondi de près de 9 % et le brent de plus de 11 %, portés par la perspective d'une réduction drastique de la production de l'Opep et des prévisions optimistes de l'Agence internationale de l'énergie pour la demande de pétrole en 2009.
Le secteur automobile reste suspendu au sauvetage des constructeurs américains. Le rejet, jeudi dans la soirée, du plan de soutien à l'industrie automobile par le Sénat américain a brutalement mis fin au rebond des valeurs de l'industrie automobile. En net repli vendredi, les valeurs ont réduit leur perte en fin de journée, lorsque la Maison-Blanche a fait savoir qu'elle envisageait d'utiliser une partie des fonds du plan de sauvetage des banques (TARP) pour empêcher la faillite de General Motors et Chrysler. Renault a finalement clôturé en baisse de 6,09 % et Peugeot de 5,02%. Dans leur sillage, les équipementiers Valeo et Faurecia ont chuté respectivement de 6,95 % et de 3,03 %. Faurecia, filiale de Peugeot, a par ailleurs annoncé la suppression de 1 215 emplois dans ses activités françaises de fabrication de sièges entre 2009 et 2011, dont 700 dès l'année prochaine. La forte progression enregistée en début de semaine permet cependant à ces titres de limiter leur perte. Peugeot n'accuse ainsi qu'un repli hebdomadaire de 1,78 % à 12,67 euros. Renault s'offre même un gain hebdomadaire de 6,09 % à 17,74 euros.
Le compartiment bancaire victime d'une rechute. Les valeurs bancaires ont lourdement pâti vendredi des propos tenus par Jamie Dimon, le directeur général de JPMorgan, qui a évoqué jeudi un quatrième trimestre «affreux». La décision de Bank of America, la première banque mondiale, de supprimer jusqu'à 35 000 emplois après sa fusion avec Merrill Lynch, a également refroidi l'ardeur du marché quant aux perspectives du secteur à moyen terme. Vendredi, le Crédit Agricole a plongé de 7,54 % à 8,89 euros, BNP Paribas a perdu 6,27 % à 43,8 euros et la Société Générale 6,74 % à 36,25 euros. Sur la semaine écoulée, ces trois valeurs affichent toutefois des gains respectifs de 3,19 %, 12,02 % et 13,32 %.
La chimie rattrapée par la crise… Confronté à une contraction violente de la demande, Rhodia s'est résolu à réviser à la baisse ses prévisions annuelles. Ignorant les mises en garde des analystes, le chimiste de spécialités avait confirmé début novembre ses objectifs annuels, son pricing power étant censé compenser le ralentissement de l'activité. Las, l'ampleur de la crise économique et financière a balayé cet optimisme. Le titre accuse un repli hebdomadaire de 8,04 % à 4,23 euros. L'avertissement de Rhodia s'ajoute à celui formulé par le numéro deux américain du secteur Dupont de Nemours et l'annonce par Dow Chemical de la suppression de 11 % des effectifs mondiaux et de la fermeture de 20 usines.
…tout comme le secteur des gaz industriels. Air Liquide a perdu jusqu'à près de 6 % mercredi dernier en séance, pénalisée par l'avertissement sur résultats lancé par son concurrent américain Praxair. Après l'automobile, la sidérurgie et la chimie, l'industrie des gaz industriels, réputée défensive, est elle aussi amenée à prendre des mesures drastiques. Oddo Securities estime néanmoins qu'«il convient de relativiser pour l'année 2008 l'impact de ce profit warning sur Air Liquide, moins exposée aux Etats-Unis et ayant un business model plus défensif que ses concurrents américains». La forte hausse du titre en début de semaine (+ 9,92 % lundi) a permis au titre d'achever la semaine sur un gain de 5,27 % à 62,69 euros.
Le plan stratégique d'Alcatel-Lucent a reçu un accueil glacial. L'action a perdu 11,71 % à 1,64 euro vendredi. «Nos priorités sont aujourd'hui les résultats et le retour à la rentabilité financière», a affirmé Ben Verwaayen, son directeur général. Pour y parvenir, il souhaite mettre en place une organisation «agile» et concentrer les efforts du groupe dans ses domaines d'excellence, comme l'optique, et ceux jugés prioritaires, à l'image de la future génération de réseaux mobiles. De nouvelles réductions de coûts, avec à la clé le départ de 1 000 cadres, sont aussi prévues.
(P-J.L)