Le pétrole évoluait jeudi matin tout près des 50 dollars, un seuil effleuré à Londres, où les prix ont plongé dans la matinée à 50,60 dollars, leur niveau le plus faible depuis trois ans et demi après la révision à la baisse des prévisions de demande mondiale de l'AIE.
Le pétrole a poursuivi la descente aux enfers entamée cet été: il est tombé jeudi dans les échanges asiatiques à 50,60 dollars à Londres, son niveau le plus faible depuis mai 2005. A New York, il a plongé jusqu'à 54,67 dollars, un plus bas depuis janvier 2007.
En l'espace de cinq mois, les prix du pétrole ont été divisés par trois.
Vers 10H00 GMT, le pétrole de brent de la mer du Nord pour livraison en décembre (dernier jour de cotation de ce contrat) s'échangeait à 52,08 dollars, en baisse de 29 cents.
A la même heure, le baril de "light sweet crude" pour la même échéance perdait 11 cents à 56,05 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Le pessimisme entourant les perspectives de consommation d'or noir a été renforcé par la révision à la baisse jeudi des prévisions de demande de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Dans son rapport mensuel, l'Agence a abaissé sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2008 et 2009, à respectivement 86,2 millions de barils par jour (mbj) et 86,5 mbj.
La demande mondiale de pétrole va donc à peine progresser cette année, de 100.000 barils par jour seulement. La dernière contraction en date de la demande mondiale de pétrole remonte à 1983.
L'agence, qui défend les intérêts des pays consommateurs, a en outre constaté une hausse de l'offre en octobre: après avoir chuté de 1 mbj en septembre, l'offre de pétrole a augmenté de 1,8 mbj en octobre à 86,9 mbj, grâce à un nombre moindre d'interruptions de production, notamment en Amérique du Nord et en Europe.
La veille, l'agence gouvernementale américaine d'information sur l'énergie (EIA) avait presque divisé par deux sa prévision de prix du pétrole pour 2009, désormais estimé à 63,50 dollars en moyenne, en prenant acte d'un "brusque déclin" de la croissance de la demande mondiale.
L'effondrement des prix pourrait inciter l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à procéder à de nouvelles réductions de son offre. Le cartel a déjà décidé de réduire sa production de 1,5 million de barils par jour lors de sa dernière réunion, le 24 octobre.
Le prix du "panier Opep" -- prix moyen de 13 qualités de brut vendus par les producteurs de l'Opep -- est tombé jeudi à 49,94 dollars, sous la barrière psychologioque des 50 dollars.
"L'Opep a commencé à jouer l'air de +d'autres-réduction-de-l'offre-sont-possibles-mais-pas-encore-certaines+", remarque ainsi Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix.
Dans ce contexte, une nouvelle réunion d'urgence du cartel, qui pourrait avoir lieu au Caire fin octobre, semble se dessiner.
"Pour nous, la question n'est plus de savoir s'il y aura une réunion d'urgence mais quand elle sera annoncée", s'avance ainsi M. Jakob, ajoutant que le scénario le plus vraisemblable semble être une réunion le 29 novembre au Caire.
Les ministres arabes de l'Opep (Algérie, Koweït, Libye, Qatar, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis et Irak) se trouveront déjà au Caire le 29 octobre à l'occasion d'une réunion de l'Opaep (Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole).
La pression sur les prix pourrait encore s'accroître avec le rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE), attendu à 15H30 GMT, qui devrait annoncer une nouvelle hausse des réserves pétrolières américaines.
Selon les analystes interrogés par l'agence Dowjones Newswires, les réserves de brut se seraient étoffées de 1,3 million de barils (mbj) la semaine dernière, celles d'essence de 300.000 barils. Les distillats (qui incluent le fioul de chauffage et le diesel) auraient progressé de 500.000 barils.